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CHATEAU
Le plan de (lhambord est le plan d'un chateau francais. Au centre
est l'habitation seigneuriale, le donjon, flanque de quatre tours aux
angles. De trois cotes, ce donjon est entoure d'une cour fermee par
des batiments, munis egalfament de tours d'angle. Gonformement a la
tradition du chateau fcodal, le donjon donne d'un cote directement
sur les dehors et ne se reunit aux dependances que par deux portiques
ou galeries. La grand salle, figurant une croix, forme la partie prin-
cipale du donjon. Au centre est un grand escalier a double vis, permet-
tant a deux personnes de descendre et monter en memc temps sans
se rencontrer, et qui communique du vestibule inferieur a la grand
salle, puis a une plate-forme superieure. Cet escalier se termine par
un couronnement ajour et une lanterne qui sert de guette. Dans les
quatre tours et les angles compris entre les bras de la salle, en forme
de croix, sont des appartements ayant chacun leur chambre de parade,
leur chambre, leurs retraits, garde-robes, prives et escalier particulier.
La tour A contient, au premier etage, la chapelle. Les bätiments des
flepentlzuices, simples en epaisseur, suivant l'usage, sont distribues
en logements; des fosses entourent l'ensemble des constructions. Du
donjon on descendait dans un jardin terrasse et environne de fosses,
situe en B. Les eeuries et la basse-cour occupaient les dehors du cote
de l'ai-rivet? par la route de Blois. Gomme ensemble, c'est la un chateau
feodal, si ce n'est que tout est sacrifie a l'habitation, rien a la defense;
ct cependant ces couloirs, ces escaliers particuliers a chaque tour,
cet isolementdu donjon, rappellent encore les dispositions defensives
du chateau fortifie, indiquent encore cette habitude de Fimprevu, des
issues secretes et des surprises. (le n'etait plus, a Ghambord, pour
derouter un ennemi arme que toutes ces precautions de detail etaient
prises, mais pour faciliter les intrigues secretes de cette cour jeune et
tout occupee de galanterie. (Tetait encore une guerre.
Ghambord est au chateau feodal des X111" et xlve siecles ce que l'ab-
baye de Theleme est aux abbayes du X110 siecle: c'est une parodie.
Plus riche que Rabelais, Francois I" realisait son rcve; mais ils arri-
vaient tous deux au meme resultat: la parodie ecrite de Babelais sapait
les institutions monastiques vieillies, comme la parodie de pierre de
Franqois I" donnait le dernier coup aux chateaux fermes des grands
vassaux. Nous le repelons, il n'y a rien d'italien en tout ceci, ni comme
pensee, ni comme forme.
le combler de pensions, cela avait meilleur air que d'employer Claude ou Blaise, natif de
Tüllrs ou de Blois, bonhomme qui etait sur son chantier pendant que le peintre et archi-
lfbcte italien expliquait les plans du bonhomme aux seigneurs de la cour emcrveilles. Nos
lecteurs voudront bien nous pardonner cette sortie ä propos du Primatiee; mais nous no
Voyons en cet homme qu'un artiste mediocre qui, ne pouvant faire ses aITaires en Italie,
OU se trouvaient alors cent architectes et peintres superieurs il lui, etuit venu en France
POur emprunter une gloire appartenant d des hommes modestes, de bons praticiens dont
le seul tort etait dREtre nes dans notre pays et de s'appeler Jean ou Pierref