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CHATEAU
sont. presque toutes de la moine dimension et comprises dans de grands
parallelogramnies, on le service est, direct, facile, ou les escaliers sont
vastes et permettent de penetrer immediatement au coeur de lledifice,
se füt trouve aussi mal a l'aise que si on l'eut parque, lui et sa famille,
dans une grande pieee divisee par quelques cloisons. Il voulait des
issues secretes, des pieces petites et separees des grandes salles par
des delours a lui connus, des vues de flanc sur ses faeades, des chambres
fermees et, retirees pour le soir, des espaces larges et eclaires pour les
assemblees; il voulait que sa vie intime ne füt pas melee a sa vie pu-
blique, et le sejour du donjon laissait encore une trace dans ses habi-
tudes. Telle salle devait s'ouvrir au midi, telle autre au nord; ilvoulait
voir ses bois et ses jardins sous certains aspects, ou bien Feglise du
village sous laquelle reposaient ses zincetres, ou telle route, telle riviere.
Les yeux ont leurs habitudes comme l'esprit, et l'on peut faire mourir
(l'ennui un homme qui cesse de voir ce qutil voyait chaque jour, pour
peu que sa vie ne soit pas remplie par des preoccupations tres-serieuses.
La vie des seigneurs, lorsque la guerre ne les faisaitpas sortir de leurs
chaleaux. etait fort oisive, et. ils devaient passer une bonne partie de
leur temps il regarder l'eau de leurs fosses, les voyageurs passant sur
la route, les paysans moissonnant dans la plaine, l'orage qui sabattait,
sur la foret, les gens qui jouaient dans la basse-cour. Le chätelain
crontraetait ainsi, a son insu, des habitudes de reverie qui lui faisaient
preferer telle place, telle fenetre, tel reduit. Il ne faut, pas s'e't,onner si,
dans les chateaux ifebatis au xvit siecle, on conservait certaines dispo-
sitions etrimges qui etaient evidemment dictees par les habitudes
intimes du seigneur et des membres de sa famille. Certes l'Italie n'avait
rien avoir la dedans, mais bien les architectes auxquels les chatelaiins
(ronfiaient leurs (lesirs, resultats d'un long sejour dans un meme lieu.
Il existe encore en France un assez grand nombre de ces chateaux qui
servent de transition entre la demeure fortifiee des seigneurs du moyen
et le palais de campagne de la fin du xvlt siecle. Leurs plans sont
souvent irreguliers comme ceux des chateaux du xne au xiv" sieele,
soit parce qu'en les rebatissant, on utilisait les anciennes fondations,
soit parce qu'on voulaitjouir de certains points de vue, conserver des
dispositions consaerees par l'usage, ou profiter de l'orientation la plus
favorable a chacun des services.
Tel etait, par exemple, le chateau de Greil, eleve sur une ile de l'Oise,
0011111181106 sous Charles V et rebäti presque entierement a la fin du
xv" siecle et au commencement du XVIe. Nous en donnons le plan
(fig. 32) 1. En A, elait le pont qui reunissait l'tle aux deux rives de FOise,
defendu par un petit ehatelet; en B, Pentree de la basse-cour. On
penetrail, dans la demeure seigneuriale par un second pont G jete sur
le large fosse rempli d'eau; en D, est la cour, entouree des batimezits
(l'habitation. Suivant un usage assez frequent, une petite eglise, elevee
A Fächelle de 0'200?
pour '10 mätres.