173 t CIIATEAU 1
ce qu'il veut. ni ce qu'il fut, il n'en est pas de meme de l'architecture
des demeures seigneuriales. En perdant le (zaracteite de forteresses,
elles en prennent un nouveau, plein de charmes, et dont letude est
une des plus interessantes et des plus instructives qui se puisse faire.
Un a repete partout et sous toutes les formes que l'architecture de
la renaissance en France avait ete chercher ses types en Italie; on a
meme elejusqdit dire que ses plus gracieuses (zonceptions etaient. ducs
a des artistes italiens. tln ne saurait nier que la revolution qui se pro-
duit dans l'art de l'architecture, a la tin du xv" siecle, coincide zlvec
nos (ronquetes en ltalie : que la noblesse francaise, sortant de ses tristes
tlonjons, setait. eprise des riantes villas italiennes, et que, revenue
chez elle, son premier soin fut de transformer ses sombres chateaux
en demeures somptueuses, etincelantes de marbres et de sculptures.
Mais ce qu'il titut bien rcconnaitre en face (les monuments, temoins
irrecuszibles. (t'est que le desir des seigneurs frangais fut interprete
par des artistes francais qui surent satisfaire a ces nouveaux pros
grammes d'une maniere completement originale, qui leur zippartient,
et qui ifemprunte que bien peu a l'Italie. Il ne faut pas etre tres-
expert en niatiere (l'architecture pour voir qu'il n'y a aucun rapport.
PHtPO les demeures de (iampagne des Italiens de la fin du xve siecle et
nos (shateaux francais de la renaissance. Nulle analogie dans les plans,
dans les distributions. dans la faeon (l'ouvrir les jours et, de couvrir les
editices; aucune ressemblance dans les decorations interieures et exte-
rieures. Le palais de ville et celui des champs, en ltalie, presentent tou-
jours une certaine masse rectiligne, des dispositions symetriques, que
nous ne retrouvons dans aucun chäteau francais de la renaissance et
jusque Louis XIV. Si l'architecture ne consistait. qu'en quelques pro-
fils, quelques pilastres ou frises decores darabesques, nous accorde-
rions volontiers que la renaissance franeaise s'est faite italienne : mais
cet art est heureusement au-dessus de ces puerilites; les principes en
vertu desquels il doit se diriger et s'exprimer derivent de
bien autrement serieuses. La convenance, la satisfaction des besoins,
l'harmonie qui doit exister entre les necessites et la forme, entre les
moeurs des habitants et l'habitation, le judicieux emploi des materiaux,
le respect pour les traditions et. les usages du pays, voila ce qui doit
(liriger l'architecte avant tout, et ce qui dirigea les artistes francais
de la renaissance dans la construction des demeures seigneuriales : ils
eleverent des chateaux encore empreints des vieux souvenirs feodaux,
mais revetant, tme enveloppe nouvelle en rapport avec cette societe
elegante, instruite, polie, chevaleresque, un peu pedante et manieree
que le xvi" siecle vit eclore, et qui jeta un si vif eclat, pendant le cours
du siecle suivant. Soit instinct, soit raison,l'aristocratie territoriale
(fomprit que la force materielle netait, plus la seule puissance prepon-
(lei-ante m1 France, que ses forteresses devenaient presque ridicules
en face de la predoniinznufe, royale; ses donjons redoutables, de vieilles
armes rouillees ne pouvant plus inspirer le respect ni la crainte au