CHATEAU
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dence, tant les vieilles tours de leurs chateaux leur inspiraicnt de
confiance. lfartillerie a feu fut au contraire adoptee avec empresse-
ment parles armees nationales, par le peuple et la royaute.- Le peuple,
soit instinct, soit calcul, comprit rapidement qu'il avait cntin entre
les mains le moyen de detruire cette puissance feodale a laquelle,
depuis le xiv" siecle, il avait voue une haine mortelle. Une armce de
vilains ne savait. pas resister a ces hommes couverts de fer, habitues
des l'enfance au maniement des armes et possedzml cette confiance
en leur force et leur courage qui supplee au nombre. Les tentatives
de revolte ouverte avaient ele d'ailleurs (fruellement, chatiees pendant
le XIVE siecle, et, a la place des vieux chateaux du xnc siecle, les popu-
lations des campagnes et des bourgades ilVitlOHl. vu, pendant le regne
de Charles V et. au connnencement de celui de Charles VI, leurs sei-
gneurs (lresser de nouvelles forteresses aussi imposantes d'aspect
qu'elles etaieilt bien munies et combinees pour la defcnsff. Les bztrons,
plus orgueilleux que jamais, Inalgre la diminution de leur puissance
politique, n'avaient, pas a craindre les soulevements populaires derriere
leurs murailles, et regardaient alors un bon chateau 001111116 un moyen
de composer avec les partis qui flechiraient le pays. La royaute, affai-
blie, ruinee, sans influence sur ses grands vassaux, semblait en etre
revenue aux humiliations des (lerniers Garlovingiens. L'invasion etran-
gere ajoutait encore a ces malheurs, et les seigneurs, soit qu'ils res-
tassent fideles au roi de France, soit qu'ils prissent parti pour les
Bourguignons et les Anglais, conservaient leurs places fortes comme
un moyen d'obtenir des concessions de l'un ou de l'autre parti au
(letriment des populations, qui, dans ces intrigues et ces marches,
etaient. toujours foulees et supportaient seules les frais et les dom-
mages d'une guerre, desastreuse.
Cependant des bourgeois, des gens de metier, cherchaient a tirer
parti de la nouvelle puissance militaire que le XIVe siecle avait vue
naitre, et, vers 1430, grace a leurs efforts, les armees royales pouvaient
deja dresser des batteries de canons (levant les chateaux (voy. Anam-
TECTURE MILITAIRE).
Mais alors, en France, la noblesse comme le peuple etaient. tout
occupes a chasser les Anglais du royaume, et la grande guerre etouf-
fait ces querelles de seigneur a seigneur, non qu'elles n'eussent tou-
jours lieu, mais elles n'avaient pas (l'importance en face des evene-
ments qui agitaient la nation. Aussi peu de chateaux furent eleves
pendant cette periode de luttes terribles. Dans les chateaux bätis vers
le milieu du xv" siecle, on voit cependant que l'artillerie a feu com-
mence a preoccuper les constructeurs : ceux-ci näibandonnent pas
l'ancien systeme de courtines flanquees de tours, systeme consacre par
un trop long usage pour etre mis brusquement. de cote; mais ils le
modifient dans les details; ils etendent les defenses exterieures et ne
songent pas encore a placer du canon sur les tours et courtines. Con-