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dont l'une contient l'escalier qui flessert les trois otages de ce bati-
ment. Outre cet escalier principal, chaque tour possede son escalier
de service. Les etages des tours, comme a Pierrefonds, ne sont point
voütes, mais separes par des planchers de bois. Le corps de logis F,
divise en deux salles, possede un trez-de-chaussee et: deux etages fort
beauxl; le second etant mis en communication avec les (zliemins de
ronde mu-nis de machicoulis, de meurtrieres et de crencaux. Gomme
äPierrefonzls aussi, les tours dominent de beaucoup le grand corps
de logis F, qui lui-meme commande les hatiments en aile. Les cotes G
etaient seulement defendus par des courtines couvertes et une tour
de coin 2.
La vue cavaliere de ce chateau (fig. 27), prise vers l'angle sud-ouest.
du donjon, explique la disposition generale des batiments et les divers
commandements. Il n'y a qu'un etage de (lefenses a Sully, mais la
largeur des fosses remplis d'eau etait un obstacle difficile a franchir;
il n'etait pas necessaire, comme a Pierrefonds, de sc pl'(ÄIl1UDll' contre
les zipproches et le travail des mineurs 3.
NOUS HG croyons pas necessaire de multiplier les exemples de cha-
teaux bätis de 439021 1420; car, en ce qui touche a la (lefensfz, ces
constructions ont, sur toute la surface de la France, une analogie
frappante. Si, au XIIÜ siecle, on rencontre des ditferences notables dans
la facon de fortifier les residences seigneuriales; au commgriceinent
du xv" siecle il y avait unite parfaite dans le mode generzil de dcfense
des places et dans les habitudes interietlres du chatelain. Une grande
revolutioil se preparztit cependant. revolution qui devait a tout jillllüis
detruire l'importance politique des chäteaux feodaux: llirtillerie a feu
devenait un moyen terrible d'attaque et de defense; employee d'abord'
en campagne contre les armees mobiles, on reconnut bientot qu'elle
pouvait servir a la defense des forteresses. On placa donc (les bouches
a feu a l'entour des chäteaux, le long des lices et sur les plates-formes.
Beaucoup de donjons et de toursvirent enlever leur toiture, qui fut
remplacee par des terrasses pour loger de l'artillerie. Toutefois ces
engins, poses sur des points tres-eleves, devaient causer au milieu des
assaillants plus d'effroi que de mal; leur feu, plongeant et assez rare
' Nous avons donne, il l'article CHARPENTE, la coupe de l'otage superieur. Autrefois il n'y
avait qu'une seule salle occupant toute la longueur du hzitiment F, et la chemine-e qui lu
ehnulfuitetait pratiquäe dans le pignon de gaiuehe, 11 l'ouest. (Voy. la vue cavuliiare, fig.
f Cette derniere partie du cliäteau est ddrasäe aujourd'hui i: quelques miftres HLl-(IESSLIS
du sol de la cour.
3 Aujourd'hui, quoique ce chäteau soit en partie habite, les tours sont dämantelees et le
(hmjon {i peu pries abandonne; mais il existe, dans le chäteau- meme, un modele en relief
des bätimeilts, exäcute dans le dernier siecle, et qui est fort exact; ce modele nous a servi
11 completer les parties detruites pendant la rävolution. Le grand Sully habita ce chfiteau
zipres la mort de Ilenri IV, et fit percer, il tous les etages, des fenetres qui n'existaient
pas avant cette äpoque; les jours etant pris du cote de la cour interieure.