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defensifs de ces places fortes, il faisait, le plus souvent, appliquer des
echelles le long des courtines basses des chateaux de cette epoquc,
en ayant le soin (Feloigner les defenseurs par une grele de projectiles;
il brusquait l'assaut, et prenait les places autant par echelacles que
par les moyens lents de la mine et de la sape.
Nous avons indique, dans les notes sur la description du Louvre de
Guillaume de Lorris, comment la defense des anciens chztteaux des
X116 et XIIIÜ siecles exigeait un grand nombre de postes divises, se de-
fiant les uns des autres et se gardant separement. Ce mode de defense
etait bon contre des troupes ifagissant, pas avec ensemble, et proce-
dant, apres un investissement prealzible, par une succession de sieges
partiels ou par surprise; il etait mauvais contre des armees discipli-
nees entrainees par un chef habile, qui, zibandonnzint les voies suivies
jusqu'alors, faisait sur un point un grand effort, enlevait les postes iso-
les, sans leur laisser le temps de se reconnaitre et de se servir de tous
les detours et obstacles accumules dans la construction des forte-
resses. Pour se bien defendre dans un chateau du X111" siecle, il fallait
que la garnison ifoubliat pas un instant de protiter de tous les details
infinis de la fortification. La moindre erreur ou negligence Pelldüll ces
obstacles non-seulement inutiles, mais meme nuisibles aux defenseurs;
et dans un assaut brusque, dirige avec energie, une garnison perdait
ses moyens de resistance a cause meme de la quantile (tobstacles qui
Fempechaient de se porter en masse sur un point attaque. Les defen-
seurs, obliges de monter et de descendre sans cesse, d'ouvrir et de fer-
mer quantite de portes, de filer un a un dans de longs couloirs et des
passages etroits, trouvaient la place emporlee avant d'avoir pu faire
usage de toutes leurs ressources. Cette experience profita certainemirnt
auxconstructeurs de forteresses a la tin du XIVÜ siecle. Ils eleverent. les
courtines pour se garantir des echelades; ifouvrirent, plus de meur-
trieres dans les parties basses des ouvrages, mais les renforcerent par
des talus qui avaient en outre l'avantage de faire ricocher les projec-
tiles tombant des machicoulis; ils mirent les chemins do ronde des
courtines en communication directe, afin de presenter, au sommet de
la fortification, une ceinture non interrompue de (lefenseurs pouvant
facilement se rassembler en nombre vers le point attaque et recevant
les ordres avec rapidite; ils munirent les mzichicoulis de parapcls
solides bien creneles et couverts, pour garantir les hommes contre les
projectiles lances du dehors. Les chemins de ronde donnant dans les
salles superieures servant de logements aux troupes (des batimenls
etant alors adosses aux courtines), les soldats pouvaient a toute heure
et en un instant occuper la crete des remparts.
Le chflteau de Pierrefonds remplit exactement ce nouveau pro-
gramme. Nous avons fait le calcul du nombre (Fhotnmes necessaire
pour garnir l'un des fronts de ce chateau. Ce nombre pouvait. etre re-
duit a soixante hommes pour les grands fronts et a quarante pour les
petits cotes. Or, pour attaquer deux fronts a la fois, il faudrait sup-'