CIIATEAU
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u Vilain cucur parai de cointiso,
((01112 rdgnä avec convoitise,
a Qui n tirü ;
a Dont tout a M6 däcirü,
(i Et le bien publique cmpird.
Alors, les romans (le chevalerie etaient fort en vogue; on aimait les
fetes, les tournois, les revues; chaque petit seigneur, sous cette mo-
narchic en ruine, regrettant les concessions faites, songeait a se PGHÜPO
important, a reconquerir tout le terrain perdu pendant deux sieeles,
non par des services rendus a ltEtat, mais en pretant son bras au plus
offrant, en partageant les debris du pouvoir royal, en opprimant le
peuple, en pillant les villages et les campagnes, et, pour s'assurer
ltimpunite, les barons couvraient. le sol de chateaux mieux (letentlus
que jamais. Les moeurs de la noblesse offraient alors ui1 singulier me-
lange de raftineriients chevaleresques et de brigandage, de courtoisie
et de marches honteux. Au dela d'un certain point d'honneur et d'une
galanterie romanesque, elle se croyait tout permis envers PEtat, qui
ntexistait. pas a ses yeux, et le peuple; qu'elle atfectatit de mepriser
d'autant plus qu'elle avait ete forcee dejit de compter avec lui. Aussi
est-ce a dater de ce moment que la haine populaire contre la fcodalilä:
acquit cette energie active qui, transmise (le generations en gencra-
tions, eclata d'une maniere si terrible a la {in du siccle (lernier. Haine
trop justiliee, il faut le dire! Mais ces (lerniers temps de la feodzilite
chevaleresque et corrompue, egoistc et ratfinee, (loivent-ils nous
empocher de reconnaitre les immenses services qu'avait rendus la
noblesse feodale pendant les siecles preeedentsit... La feodalite fut
latrempe de l'esprit national en France; et cette trempe est bonne. Au-
jourd'hui que les chateaux seigneuriaux sont (letruits pour toujours,
nous pouvons etre justes envers leurs anciens possesseurs; nous
n'avons pas a examiner leurs intentions, mais les effets, resultats de
leur puissance.
Au x12 siecle, les monasteres attirent tout a eux, non-seulement les
ämes delicates froissees par Feffrayant desordre qui existait partout,
les esprits altristes par le tableau d'une societe barbare on rien ifetait
assure, ou la force brutale faisait loi, mais aussi les grands caracteres,
qui prevoyaient une dissolution generale si l'on ne parvenait. pas a eta-
blir au milieu de ce chaos des principes (Pobeisszince et (YtILIIOPiIÜ
absolue, appuyes sur la seule puissance superieure qui ne fut pas alors
gontestee, celle de Dieu (voy. ARCHITECTURE MONASTIQUE). Bientot, en etlet,
les monasteres, qui renfermaient Petite des populations, furent non-
seulement un 1110615210 de gouvernement, le seul, mais etendirent leur
influence en dehors des eloitres et participerent a toutes les grandes
affaires religieuses et politiques de l'0ccident. Mais, par suite de son
institution meme, l'esprit monastique pouvait maintenir, regenter,
opposer une digue puissante au desordre; il ne pouvait constituer la