Volltext: [Charnier-Console] (T. 3)

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CHATEAU 
comte de Brefagne; apres avoir protege les terres du comte de Cham- 
pagne contre les seigneurs ligues contre lui; c'est apres avoir delivre 
la Sainfonge des mains du roi d'Angleterre et du comte de la Marche; 
c'est enfin apres avoir donne la paix a son royaume avec autant de 
bonheur que de courage, et substitue la suzerainete de fait a la suze- 
rainete de nom. Dans une semblable occurrence, la paix, la calme, 
les reformes et l'ordre pouvaient faire naitre les plus graves dangers 
au milieu d'une noblesse inquiete, oisive, et qui sentait deja la main 
du souverain s'etendre sur ses privileges. 
ll est d'ailleurs, dans l'histoire des peuples, une disposition morale 
a laquelle, peut-titre, les historiens n'attachent pas assez d'importance, 
parce qu'ils ne peuvent penetrer dans la vie privee des individus: 
c'est l'ennui. Lorsque la guerre etait terminee, lorsque l'ordre renais- 
sait, et par suite l'action du gouvernement, que pouvaient faire ces 
seigneurs feodaux dans leurs chateaux fermes, entoures de leurs fami- 
liers et gens (l'itl'l]16S? S'ils passaient les journees a la chasse et les 
soirees dans les plaisirs; s'ils entretenaient autour d'eux, pour tuer 
le temps, de joyeux compagnons, ils voyaient laientot leurs revenus 
absorbes, car ils n'avaient plus les ressources everltuelles que leur pro- 
curaient les troubles et les (lesordres de l'etat de guerre. Si, plus pru- 
dents, ils reformaient leur train, renvoyaient leurs gens d'armes et se 
resignaient a vivre en paisibles proprietaires, leurs forteresses deve- 
naient un sejour insupportable, les heures pour eux devaient etre d'une 
longueur et d'une monotonie desesperantes; car si quelques nobles au 
xmesiecle, possedaientune certaine instruction et se livraient aux plai- 
sirs de l'esprit, la grande majorite ne concevait pas d'autres occupa- 
tions que celles de la guerre et des expeditions aventureuses. L'ennui 
faisait naitre alors les projets les plus extravagants dans ces cerveaux 
habitues a la vie bruyante des camps, aux emotions de la guerre. 
Saint Louis, qui n'avait pas cede a la noblesse armee et menaeante, 
apres l'avoir forcee de remettre Fepee au fourreau, ne se crut peut- 
etre pas en etat de lutter contre l'ennui et Poisivete de ses vassaux, de 
poursuivre, entre les forteresses jalouses dont le sol etait couvert, les 
reformes uülmeditait. 
c Les cfiloisades devorerent une grande quantite de seigneurs, et 
(t firent retourner au trone leurs fiefs devenus vacants; mais, sous 
H aucun regne, elles ne contribuerent davantage a l'accroissement du 
K domaine royal que sous celui de saint Louis. Il est facile de s'en 
K rendre raison : les croisades etaient deja un peu vieillies au temps 
s de saint Louis, les seigneurs ne croyaient plus y etre exposes, et 
s n'avaient par consequent ni armes ni chevaux, ni provisions de 
(f guerre; il fallait emprunter; ils engagerent. leurs fiefs au roi, qui, 
v etant riche, pouvaitpreter. A la fin de la croisade, ceux des seigneurs 
K qui survivaient a leurs compagnons d'armes revenaient si pauvres, 
(f si miserables, qu'ils etaient hors d'etat de degagei- leurs fiefs, qui 
s devenaient alors la propriete definitive de ceux qui les avaient recus
	        
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