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CHATEAU
construction. La poterne E donnait acces dans de vastes jardins en-
En France et en Normandie, des llepoque carlovingienne, les
enceintes des chateaux etaient tlanquees de tours. Mais sur les bords
du Rhin et les provinces voisines de la Germanie, il ne parait pas que
ce moyen de defense ait etc usite avant le XIIIQ siecle, ce qui ferait sup-
poser que les tours llanquantes etaient une tradition gallo-romaine.
a Les monuments feodaux du x0 siecle jusqu'aux croisades, dit
a M. de Kriegg, ont, sur les deux rives du Rhin, leur type commun.
u On y trouve d'abord la tour carree (rarement cylindrique), qui est
a ou assise sur des soubassements romains, ou copiee religieusement
a däipres ces modeles, avec leur socle, leur porte dentree au-dessus
a du sol et leur plate-forme. (les tours ont pris le nom allemand de
a berch frid, en latin berefredus, en franeais belfroz'.... Les enceintes de
(c ces plus anciens chateaux manquent absolument de tlanquement
fi exterieuif. Elles sont surmontees d'une couronne de 1nerlons..... v
Nous irons plus loin que M. de Krieg, et nous dirons meme que les
tours enlployees comme moyen de tlanquement des enceintes ne se
rencontrent que stries-rarement dans les chäteaux des bords du Rhin
et des Vosges avant le xve siecle. Le (zhateau de Saint-Ulrich, la partie
ancienne du chäteau de Hohenkcenigsbourg, le chateau de Koenigsheim,
celui de Spesbourg, bien que bätis pendant les X111" et XIVB siecles,
sont totalement depourvus de tours tlanquantes3. Ce sont des bati-
ments formant des angles saillants, des figures geometriques rectili-
gnes a Pexterieur, et venant se grouper autour du donjon ou beffroi.
La plupart de ces chateaux, eleves sur des points inaccessibles, pren-
nent toute leur force de la situation du rocher qui leur sert d'assiette
et ne sont que mediocrement defendus. Le donjon surmontant les
batiments permettait de decouvrir au loin la presence dlun ennemi,
et la garnison, prevenue, pouvait facilement empecher llescalade de
rampes abruptes, barrer les sentiers, et arreter un corps darmee
nombreux, loin du chäteau, sans meme etre obligee de se renfermer
derriere ses murs.
Cependant des situations analogues ifempechaient pas les seigneurs
franeais de munir de tours les flancs et angles saillants de leurs chä-
teaux pendant les X112 xme et xiv" siecles.
Il se fit, dans la construction des chäteaux, au X1118 siecle, une mo-
dification notable. Jusqu'alors ces residences ne consistaient, comme
nous l'avons vu, que dans des enceintes plus ou moins etendues, sim-
ples ou doubles, au milieu desquelles selevaient le donjon qui ser-
vait de demeure seigneuriale et la salle, quelquefois comprise dans
intärät, sont
' Ce chätcau n'existe plus; le plan, des älävations et dätails, d'un grand intärät,
donnes par Ducerccau dans ses plus eazcellens bastimens de France.
' Notes insäräcs dans le Bulletin nzonunu, vol. IX, p. 246 et suiv.
' Voyez les Notes sur quelques chdteaua: de l'Alsace, par M. Al. Ramä. Paris, 1855.
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