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meme des reliques de saints ; ces custodes, completement independantes
du retable, se posaient devant lui, sur l'autel meme, au moment de la
communion des Iideles. Mais il faut reconnaitre que le texte de Yeveque
de Mende est assez vague, et l'opinion de Thiers s11rles custodes ou tours
mobiles nous parait appuyee sur des faits dont on ne peut contester
Yauthenticite. Thiers regarde les tours comme des coffres destines non
point a contenir Feucharistie, mais les ustensiles necessaires pour Fobla-
tion, la consecration et la communion, et il incline a croire que l'encha-
ristie etait toujours rescrväe dans une boite suspendue au_dessus de l'autel,
que cette boite füt faite en forme de tour, de coupe ou de colombe. Saint
Udalric parle d'une colombe d'or continuellement suspendue sur l'autel
de la grande eglise de Cluny, dans laquelle on reservait la sainte eucha-
ristie. Mais ces suspensions affectaient diverses formes, sans parler de
celle representee dansla figure 8 ; il existe encore dans le tresorde la cathe-
drale de Sens un ciboire en forme de coupe recouverte, destine a etre
suspendu auwlessus de Fautcl : ce ciboire date du XIIIÜ siecle. Quant aux
ustensiles necessaires pour Poblation, la consecration et la communion,
tels que le calice, la patene, la fistule, les burettes, le voile, etc., ils etaient
conserves ou dans ces coffres mobiles que lion transportait pres de l'autel
au moment de Poblation, ou dans ces petites armoires qui sont generale-
nient pratiquees dans les murs des chapelles a la droite de l'autel, en face
de la piscine, ou dans de petits reduits pratiques a cet effet dans les autels
memes. Nous retrouvons un assez grand nombre d'autels figures dans
des peintures et des bas-reliefs ou ces reduits sont indiques. Voici entre
autres (fig. 19) un autel provenant d'un bas-relief dialbatre conserve dans
le musee de la cathedrale de Seez, sur la paroi duquel estouvcrte une
petite niche contenant les burettes.
Quant aux retables, ils prirent une plus grande importance a mesure
que le goüt du luxe penetrait dans la decoration interieure des eglises
(voy. RETABLE). nep tres-riches au X1118 siecle, mais renfermes dans des
lignes simples et severes, ils ne tarderent pas a s'elever et a dominer les au-
tels en presentant un echafaudage dbrnementations et de figures souvent
d'une assez grande dimension, ou une succession de sujets couvrant un
vaste champ. Les cathedrales seules consersferent longtemps les anciennes
traditions, et nc laisseront pas etoulfer leurs maitres autels sous ces deco-
rations parasites. Il faut rendrejustice a PEglise francaise, cependant: elle
fut la derniere a se laisser entrainer dans cette voie facheuse pour la di-
gnite du culte. L'Italie, FESpagne, l'Allemagne, nous devancerent, et cou-
vrirentdes le XIVe siecleleurs retables d'un fouillis incroyable de bas-reliefs,
de niches,de clochetons, qui sfeleverent bientotjusquütux voütes des egli-
ses. Les dossiers des autels des eglises espagnoles notamment sont surmon-
tes deretzibles, dont quelques-uns appartiennent au XlVe siecle, et un plus
grand nombre aux xve etxvie siecles, qui depassent toutce que l'imagina-
tion peutsupposer de plus riche etde plus charge de sujets etde sculptures
d'ornement. Sans tomber dans cette exageration, les autels de France per-
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