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CHAPITEAU
dans Yexeculion, avec une entente aussi complete de l'effet des masses.
En Bourgogne et dans le Nivernais, ce commencement de vegetation est
abondant, puissant; il se developpe dans le meme sens. Dans l'Ile-de-
France, et en Champagne surtout, il est plus delicat; la plante est moins
vigoureuse, son developpement est" aussi plus maigre. Ces ObSCPVIIliOHS
pourront paraitre etrzinges: elles sont cependant etablics sur des faits
tellement nombreux, que chacun peut vieriiier dans tous les monuments
de la periode ogivale, qu'on ne saurait en contester la realite (voy. FLORE).
Mais en meme temps que se developpait cette sorte de vegetation de
pierre, l'esprit des maitres, comme nous l'avons vu, ne restait pas inactif.
La corbeillel du chapiteau roman etait formee par la penetration d'un
cone dans un cube. En voulant donner plus de souplesse a la sculpture,
et plus de grace au chapiteau, ou avait successivement, pendant la seconde
moitie du xnc siecle, supprime le cube et creuse le cone. Mais le solide qui
servait de transition entre le cylindre de la colonne et le carre du tailloir
ne pouvait etre geometriquement trace; detait un solide dont la forme
n'etait pas definie d'une facon rigoureuse, et qu'on laissait a chaque sculp-
teur la faculte de tailler a son gre. ll en resultait que les chapiteaux
analogues d'un meme ediiice presentaient souvent des galbes tres-diffe-
rents. Cela ne devait point satisfaire les architectes du X111" siecle, qui
tendaient chaque jour davantage a ne rien laisser au hasard et qui proce-
daient methodiquement. On arriva donc a adopter pour les chapiteaux
une corbeille independante du tailloir, et ne venant plus s'y relier tant bien
que mal, comme on le voit dans la figure 38, par des surfaces gauches. En
cela on se rapprochait de l'ordonnance du chapiteau corinthien antique.
Mais, dans le chapiteau corinthien antique, le diametre superieur de la
corbeille n'excede pas les cotes curvilignes du tailloir, et le tailloir n'est
qu'une tablette horizontale par-dessous, dont les angles saillants ne sont
SOÜWÜUS QUO P211" les volutes a jour qui terminent les caulicoles. Cela
lfatfilit nul inconvenient, parce que les angles du chapiteau corinthien
anÜqÜe Hiävflient rien a porter, et qu'on ne craignait pas, par conse-
quent, qu'une charge superieure les fit casser. Mais tout autre est la
fonction du chapiteau du X1116 sieele; les angles de son tailloir sont
utiles, ils recoivent la charge considäraljle des sommiers des arcs; il
etait donc important de leur donner la plus grande solidite.
_Nous avons vu qu'a Saint-Leu d'Esserent (voy. fig. 21), des les der-
nieres annees du xnB siecle, on avait adopte une corbeille circulaire dont
le bord superieur Nexcedait pas les cotes du tailloir, et que les angles en
porte a faux de ce tailloir n'etaient supportes que par des crochets auxquels
On avait dü (a cause de ce porte a faux) donner un volume exagere. Lors-
qu'on voulut que les chapiteaux prissent un galbe plus elegant, une
apparence moins ecrasee, et qu'on sculpta des crochets d'angle plus fins,
1 OH däsigne par corbeille, dans le chapiteau, Pävasement qui sert de transition entre
le füt et le tailloir, ävasement autour duquel vient se grouper la sculpture.