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ne font que poser des principes materiels etrangers aux principes admis
qu'une enveloppe soumise aux calculs de l'esprit. Une fois engages dans
cette voie, les artistes qui suivent ne cherchent qu'a la pousser plus avant;
entraines par une succession de lois qui se deduisent fatalement comme
des problemes de geometrie, ne possedant pas ce temperament de l'esprit
qu'on appelle le goüt, ils ne peuvent revenir en arriere ni meme s'arreter,
et ils etendent si loin leurs raisonnements, qu'ils perdent de vue le point
de depart. C'est toujours la meme voie parcourue dans le meme sens;
mais elle va si avant, que ceux qui sont forces de la suivre ne savent
ou elle les conduira. Les arts antiques conservent un etalon auquel ils
peuvent recourir, car pour eux la forme domine le raisonnement; les
arts du moyen äge n'ont d'autre guide qu'un principe abstrait auquel
ils soumettent la forme. Cela nous explique comment, dans un espace
de temps tres-court, la logique, le savoir, Pexperience, peuvent aboutir
a l'absurde, si une societe n'est pas reglee par le goüt (voy. GOUT).
On voudra bien nous pardonner cette digression a propos de chapi-
teaux; mais c'est que, dans l'architecture ogivale, ce membre est d'une
grande importance. Il est comme la mesure servant a reconnaitre les
doses de science et d'art qui entrent dans les compositions architecto-
niques; il permet de preeiser les dates, de constater l'influence de telle
ecole, ou meme de tel monument; il est comme la pierre de touche de
l'intelligence des constructeurs : car, jusque vers le milieu du xiw siecle,
le chapiteau est non-seulement un support, mais aussi le point sur
lequel s'equilibrent et se neutralisent les pressions et poussees des con-
structions ogivales (voy. CONSTRUCTION).
L'histoire que nous avons tracee de la transition entre le chapiteau
roman et le chapiteau appartenant definitivement a l'ere ogivale devait
etre trop succincte pour que nous n'ayons pas me force de negliger de
nombreux details. Du jour ou chaque colonne ou colonnette porte son
chapiteau propre, ce n'est plus qu'une question de decoration. Mais cette
question a sa valeur, et nous devons la traiter. Elle ne peut cependant
etre separee de la forme et des dispositions donnees aux tailloirs.
Vers le milieu du XI1I' siecle, lorsque, dans Ylle-de-France, la Cham-
pagne et la Picardie, les architectes seiforcaient de tracer les tailloirs
des chapiteaux suivant des figures qui inscrivaient methodiquement
les lits des sommiers des arcs, en Normandie on tranchait brusquement
la difliculte; au lieu de formes anguleuses, on donnait aux tailloirs la
figure d'un. cercle sur lequel venaient s'asseoir les arcs avec leurs divers
membres. L'architecture en Normandie et en Angleterre a cela de parti-
culier, a cette epoque, qu'elle emploie des moyens que nous pourrions
appeler mecaniques dans Yexecution des details. Ainsi se revelait deja
l'esprit pratique de ce peuple plus industrieux que raisonneur. Cette
observation s'applique egalement a la sculpture, qui, en Angleterrefet
en Normandie, a partir du XIIIE siecle, devient d'une monotonie fati-