CHA PELLE
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detail superflu; clest la construction seule qui fait toute la decoration;
et sans vouloir faire tort a Pierre de Montereau, on peut dire que si l'ar-
chitecte (champenois probablement) de la chapelle de Saint-Germain eüt
eu a sa disposition les tresors employes a la construction de celle de Paris,
il cüt fait un monument superieur, comme composition, a celui que nous
admirons dans la Cite. Il a su (chose rare) conformer son architecture
a Fechelle de son monument, et, disposant de ressources modiques, lui
donner toute l'ampleur d'un grand edifice. A la sainte Chapelle de Paris,
on trouve des tatonnements, des recherches qui occupent l'esprit plutot
qu'elles ne charment. A Saint-Germain, tout est clair, se comprend au
premier coup dkeil. Le maitre de cette oeuvre etait sur de son art; cletait
en meme temps un homme de goüt et un savant du premier ordre 1. L'in-
terieui" de ce monument etait peint et les fenetrcs garnies probablement
de vitraux colores. Inutile dc dire que leur effet devait etre prodigieux ä
cause des larges surfaces qu'ils occupaient. Rien n'indique qu'une fleche
surmontat cette chapelle. On voit encore ici que des places specialesetaient
reservees dans la nef, comme a la sainte Chapelle du Palais, pour des
personnages considerables. Il faut dire que la chapelle de Saint-Germain
en Laye n'etait que le vaste oratoire d'un chatcau de mediocre impor-
tance. Tousles details de ce charmant edifice sont traites avec grand soin;
la sculpture en est belle et entierement duo a llecole champenoise, ainsi
que les profils.
De riches abbayes voulurent aussi rivaliser avec le souverain en elevant
de grands oratoires independants de leur eglise. Nous avons dit que les
abbes de Saint-Germain des Pres chargerent l'architecte Pierre de Monte-
reau de leur batir la chapelle de la sainte Vierge pres de leur refectoire
(voy. ARCHITECTURE MONASTIQUE, Hg. 15). Les abbes etaient seigneurs feo-
daux, et, comme tels, voulaient imiter ce que faisait le suzerain dans ses
1 La chapelle du chatcau de SainlfGermain en Laye est aujourd'hui fort denatu-
ree ; les contre-forts ont etc revetus, au XVlle siecle, de placages dans le goüt du temps;
le sol interietir a ne releve de plus d'un metrc. Lnrcature a ete detruite, ainsi que
la balustrade exterieure. Cependant nos dessins (sauf la decoration des contre-forts, sur
laquelle nous n'avons aucune dormi-e) presentcnt rigoureusement l'ensemble et les
details de cette belle construction. Dcs fouilles faites avec intelligence par l'architecte,
M. Millet, ont mis a nu les bases interieurcs. Des fragments de Farcature et de la
balustrade ont ete retrouves; les piles ont ete degagees. Quant aux autres parties de
Fedifice, elles sont conservees, et la construction n'a subi aucune alteration. On ne
saurait trop etudier cette chapelle, qui nous parait etre un des exemples les plus
caracterises de cet art du xin" siecle, au moment de sa splcndcun-Si l'on avait quel-
ques doutes sur la date, il suffirait (le comparer ses profils et sa sculpture avec les
profils et la sculpture des monuments champenois du xxne siccle, pour etre assure que
la chapelle du chateau de Saint-Germain est contemporaine des chapelles ahsidales
de la cathedrale de Reims, des parties inferieurcs du choeur de la cathedrale de Troyes,
de la chapelle de Parchcveche de Rcims, constructions qui sont antcrienres a 12110. La
corniche supericure et la balustrade, dont on a retrouwe des fragments, peuvent meme
remonter in 4230.