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CHAMBRE
(lll president du chapitre, de Feveque ou de Parcheveque. A Mayence, on
voit encore une de ces chaires, qui date du xuesiäcle, dans la salle earree
attenante au cloitre de la eathedrale.
On donnait aussi le nom de chaires, pendant le moyen äge et jusqu'au
xvne siecle, aux stalles des religieux ou des chapitres.
CHAMBRE, s. f. Piece retiree dans un palais, un hotel ou une maison,
destinee a recevoir un lit. Par suite de cette destination, on donna le nom
de chambres aux salles dans lesquelles le roi tenait ou pouvait tenir un lit
de justice; aux salles dans lesquelles, chez les grands, etait place le dais
sous lequel s'asseyant le seigneur lorsqu'il exercait ses droits de justicier.
On appelait ces chambres : chambre du dais, chambre de parement.
La grandhhambre du Palais a Paris avait ete hatie par Enguerrand de
lllarigny, sous Philippe le Bel elle fut richement decoree en 1506 2.
J ean-sans-Peur, duc deBourgogne, fit faire, dans Photel d'Artois, apres
le meurtre du duc d'0rleans, une chambre a toute de pierre de taille, pour
(f sa surete, la plus forte qu'il put, et terminee de machicoulis, ou toutes
a les nuits il couchoit3 n. Dans les donjons, il y avait la chambre du
chatelain, qui se trouvait toujours pres du sommet et bien munie; quel-
quefois meme on ne pouvait y arriver que par des couloirs detournes, ou
au moyen d'echelles ou de ponts volants que l'on relevait la nuit.
Les chambres des riches hotels etaient somptueusement decorees.
Les solives des plafonds en etaient sculptees, peintes et dorees; les
fenetres garnies de vitraux ct de volets quelquefois doubles, ajoures de fines
decoupures et pleins; les parements tendus de tapisseries; les lambris de
bois travailles avec art et se relianta des bancs fixes (banquiers) garnis de
dossiers d'etoffe et de coussins; le pave de carreaux de terre cuite emaillee
avec tapis. Une grande cheminee, souventavec bas-reliefs sculptes, armoi-
ries peintes, occupait l'un des cotes; elle etait accompagnee de ses acces-
soires, de tablettes laterales pour poser un flambeau, quelquefois d'une
petite fenetre s'ouvrant pres de l'un des jambages ou sous le manteau
meme de 1a eheminee, pour voir le dehors en se chauffant; de ses ecrans
et escabeaux. Les portes, perdues derriere la tapisserie, etaienl. etroites et
basses. Le lit, place jacrpcndiculairement a la face opposee ala cheminee,
(Etait large, garni de courtines et d'un dais a gouttieres; il se trouvait or-
dinairement plus rapproche d'un mur que de l'autre, de facon a laisser
un petit espace libre qu'on appelait la ruelle. Quelquefois, dans Febrase-
ment profond de l'une des fenetres, on placait une voliere et des fleurs,
car les oiseaux devenaient les compagnons ordinaires des femmes nobles,
dont les distractions, hormis les grandes fetes publiques, etaient rares.
Une chaire (chaise a dossier) se trouvait au fond de la ruelle ; un dressoir,
1 Suuval, t. III, p. 3-
2 Dubreul, liv. I.
3 Sauval, t. II, p. 611-