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CIIAINAGE
ment, et destinees a empecher les ecartements, la dislocation des con-
structions de maeonnerie.
LesRomains, etmcmeavant eux les Grecs, avaient l'habitude, lorsqu'ils
construisaient en assises de pierre de taille ou de marbre, de relier ces
assises entre elles par de gros goujons de fer, de bronze ou meme de bois,
et les blocs entre euxpar des crampons ou des queues d'aronde. Mais les
Grecs et les ltomains posaient les blocs de pierre tailles a cote les uns des
autres et les uns sur les autres, sans mortier (voy. JOINT, LIT). Le mortier
ifetait employe, chez les Romains, que pour les blocages, les ouvrages
de moellon ou de brique, jamais avec la pierre de taille.
Des Fepoque merovingienne on avait adopte une construction mixte,
qui n'elait plus le moellon smille des Romains, et qui ifetait pas l'ouvrage
antique de pierre de taille: c'etait une sorte de grossier blocage revetu
de parements de carreaux de pierre assez mal tailles et reunis entre eux
par des couches epaisses de mortier (voy. CONSTRUCTION).
Du temps de Cesar, les Gaulois posaient, dans Fepaisscur de leurs
murailles de defense, des longrines et des traverses de bois assemblees
entre les rangs de pierres. Peut-ctre cet usage avait-il laisse des traces
mcme apres l'introduction des arts romains dans les Gaules. Ce que nous
pouvons donner comme certain, Zdest que l'on trouve, dans presque
toutes les constructions meroviugiennes et carlovingiennes, des pieces de
bois noyees longitudinalement dans Yepaisseur des murs, en elevation
et meme en fondation 1. Ces pieces de bois presentent un equarrissage
qui varie de 0"',l2 x 0'212 a 0'220 x 0m,20.
Jusqifa latin du xue siecle, cette habitude persiste, et ces chainages
sont poses, comme nos cliainztges modernes, a la hauteur des bandeaux
indiquant des etages, a la naissance des voütes et au-dessous des couron-
nements superieurs. Les travaux de restauration que nous eümes l'occa-
sion de faire executer dans des edilices des X1" et XIIÜ siecles nous ont
permis de retrouver un grand nombre de ces chainages de bois, assez bien
conserves pour ne pas laisser douter de leur emploi. Dans la nef de
Yeglise abbatiale de "Vezelzigf, qui date de la [in du x12 siecle, il existe un
premier chaiuage de. bois au-dessus des archivoltes donnant dans les col-
lateraux, et un second chainage, interrompu par les fcnetres hautes, au
niveau du dessus des tailloirs des (Jhapiteaux, a la naissance des grandes
voütes. Ce second chainage de bois offre cette particularite qu'il sert
d'attache a des crampons de fer destines a recevoir des tirants transversaux
d'un mur de la nef a l'autre a la base des arcs-doubleaux. Ces tirants
elaient-ils destines a demeurer toujours en place pour eviter Fecartement
des grandes voütes? Nous ne le pensons pas. Il est a croire qu'ils ne
devaient rester poses que pendantla construction, jusqifa ce que les murs
1 ll n'est pas besoin de dire que le bois a disparu, et se trouve räduit en poussiärc;
mais son moule existe dans les magonneries. Le bois, totalement privi- d'air et entourü
de Vhumiditd pernlanentv de lu malgonxlcrie, est biontüt pourri.