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qui pouvaient se diviser a l'infini. Il n'en est pas ainsi de l'architecture
qui nait au xne siecle : fille du rationalisme moderne, chez elle le calcul
prccede l'application de la forme; bien plus, il la commande, il la soumet;
si, par un besoin naturel a l'homme, il veut qu'elle soit belle, il faut que
ce soit suivant la loi d'unite.
En entrant dans le domaine d'un autre art, nous pourrons peut-etre
nous faire mieux comprendre... L'architecture antique, c'est la melodie;
l'architecture du moyen fige, c'est l'harmonie. L'harmonie, dans le sens
que nous attachons a ce mot, dest-a-dire l'arrangement et la disposition
des sons simultanes, etait inconnue chez les anciens Grecs; fantiphonie,
au temps d'Aristotc, elait seule pratiquce, dest-a-dire les octaves produites
par des voix (Vhommes et de femmes ou d'enfants chantant la ineme
melodic. Ce ne fut que pendant les premiers siecles de notre ere que
l'usage des quartes et des quintes fut admis dans la musique grecque, et
encore Fechelle tonale de ses modes se pretait si peu aux sons simultanes,
que la pratique de Fharmoiiie etait herissec de diflicultes et son emploi
fort restreint. M. Vincent maigre des efforts perseverants pour decou-
vrir les traces (le l'harmonie chez les Grecs, n'a encore pu arriver aaucun
resultat concluant.
Dans Feglise latine, au contraire, l'harmonie n'a cesse de prendre (les
developpements rapides, et c'est principalement au moyen age qu'il faut
rapporter l'invention et Fetablissement des rbgles qui ont cleve cet art
a la plus merveilleuse puissance.
Des Yepoque de Gharlcznagne, on trouve des traces de l'art de com-
binerles sons simultanes, et cetartsappelleorgunum, ars orgzznandi. Il etait
reserve a Hllgllilltl, moine de Satint-Amand au xe siecle, de donner une
grande impulsion a Fharnionic, en etablissant des regles fixes et feeondes.
Aux diaphonies a mouvements semblables suceeda, au x18 sieele, la dia-
phonie a mouvements contraires et a intervalles varies, comme le prouvent
les ouvrages de Jean Cotton et d'autres auteurs. Enfin, [Jendant les X110 et
Xmc sieeles, l'harmonie s'enrichit successivement de tous les accords qui
forment la base de la composition musicale moderne; et les traites de
Jean de Garlande, de Pierre Picard, de J erome de Moravie, etc., prouvent
surabondaminent l'emploi, dans la symphonie, (les tierces, des quartes,
des quintes, des sixtes, (les septiemes menie, la resclntion des intervalles
dissonants sur des consonnanees par mouvement contraire; et bien plus
encore, l'existence des notes de passage, du contre-point double et des
imitations 2.
Or, slil est deux arts qui peuvent etre compares, ce sont certainement la
1 MCIIIDPO de l'institut.
2 Si l'on doute dc nos assertions, on peut consulter Fcxculluut ÜÜYPilgO du M. du
Guusscmakcr sur cette matibrc, et les travaux de M. Fdlix Cldment, qui a bien
voulu nous fournir tous ces renseignements scientifiques. {Yoga les Annales arclzdoli du
M. Didrun.)