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importance, comme art, qui domine l'architecte : Yartestle mailre de son
imagination, plus fort que son raisonnement. Aussi, que fait l'artiste ?Il
fait tendre toutes les facultes de son espritaperfectionner cette forme qui
Fetreint; ne pouvant Fassouplir, il la polit. Les Romains, peu artistes de
leur nature, prennent la forme de l'art grec pour l'appliquer a des monu-
ments qui n'ont aucun rapport avec les principes de cet art. Ils trouvent
des ordres; entre tous, ils adoptent volontiers le plus riche, confondant,
comme tous les parvenus, la richesse avec la beaute, et ces ordres dont
l'origine est parfaitement rigoureuse et (lelinie, ils les appliquent au
rebours de cette origine. Les Romains veulent des arcs et des voütes; les
Grecs ne connaissent que la plate-blande. On devrait conclure de ceci
que les Romains ont trouve ou cherche une forme nouvelle propre aleur
nouveau systeme de construction; point. Les Romains prennent la forme
grecque, l'architecture grecque, les ordres grecs, et les plaquent, comme
une depouille, contre leur construction; peu leur importe que la raison
soit choquee de ce contre-sens: ils sont les maitrcs. Mais ce sont des
inaitres qui font passer le besoin, la necessite avant la satisfaction des
yeux. Il leur faut de vastes monuments voüles; il les construisent
d'abord, puis, leur programme rempli, trouvant un art tout fait, ils s'en
emparent, ethaccrocheutaleilrs murailles comme on accroche un tableau.
Que ceux qui voudraient nous taxer (Fexageration nous expliquent com-
ment, par exemple, on trouve, autour du Colisee, des ordres complets
avec leurs plates-bandes (des plates-bandes sur des arcs l) dans Pinterieur
des salles des Thermes, des ordres complets avec leurs corniches sail-
lantes sous des voütes (des corniches saillantes a Pinterieur, comme s'il
pleuvait danstinterieur d'une salle Il est evident que les Grecs, amants
avant tout de la forme, ayant trouve cette admirable combinaison des
ordres, etant parvenus, guides par un goüt parfait, a donnera ces ordres
des proportions inimitables, se sont mis a adorer leur oauvre etalui
sacrifier souvent la necessite et la raison : car, pour eux, le premier de
tous les besoins ctait de plaire aux sens; que les Romains, indifferents
au fond en maticre d'art, mais desireux de s'approprier tout ce qui dans
le monde avait une valeur, ont voulu habiller leur architecture a la
grecque, croyant que l'art n'est qu'une parure exterienre qui embellit
celui qui la porte, quelle que soit sa qualite ou son origine.
L'habitude prise par les Romains de se vetir des habits d'autrui a lini
par produire, on le concoit facilement, les costumes les plus etranges.
ljztrchitecture romane, derivec de l'architecture romaine, n'ayant plus
meme sous les yeux ces principes grecs pilles par les Romains, a inter-
prete les traditions corrompues de cent faqons differentes. La forme
n'etant pas intimement liee a la matiere, n'en elant pas la cleduction
logique, chacun Fintcrpretaita sa guise. (Yestainsi que l'art roman a pu,
a son tour, s'emparer des lambeaux du vetement romain, sans en com-
dans les differentes provinces des Gaules, a former des ecoles separees et