CATHEDRALE
jet, une disposition bien franche commandee par un programme arrete.
Quant au style d'architecture adopte dans la cathedrale de Laon, il se
rapproche de celui des parties de Notre-Dame de Paris qui datent du
commencement du xurf sieele; il est cependant plus lourd, plus trapu;
il faut dire aussi que les materiaux employes sont plus grossiers.
A la {in du xnle sieclc, ce beau plan, dejit modifie, fut deligure par
l'adjonction de chapelles elevees entre les saillies des contre-forts de la
nef. Une salle fut erigee au milieu du preau du cloitre. C'est aussi
pendant le cours du XIIlÜ siecle que les dispositions premieres du porche
furent modiliees. Les sept tours ctaient surmontees de ilcches, delrtiites
aujourd'hui (voy. au mot CLUCIIER).
ltlalgre sou importance, la cathedrale de Laon fut elcvee avec une preci-
pitation telle, que, sur quelques points, et particulierement sur la faqade,
les constructeurs dedaignerent de prendre les precautions qu'on prend
(Yordinairti lorsque l'on battit des edifices de cette dimension : les fonda-
tions furent negligees, ou bloquees au milieu des restes de substructions
anterieures; on ne laissa pas le temps aux constructions inferieures
des tours de s'asseoir, avant de terminer leurs sommets. Il en restilta
des tassements inegziux, des dechirements qui compromirent la solidite
de la facade 1.
La cathetlrztle de Laon conserve quelque chose de son origine demo-
eratique; elle n'a pas l'aspect religieux des eglises de Chartres, d'Amiens
ou de lteims. De loin, elle parait un chateau plutot qu'une eglise; sa nef
est, comparativement aux nefs ogivales et meme a cellede Noyon, basse;
sa physionomie exterieure est quelque peu brutale et sauvage; etjusqtfa
ces sculptures colossales d'animaux, bceufs, chevaux, qui semblent garder
les sommets des tours de la facade (voy. ANIÜAUX), tout concourt a produire
une impression d'ell'roi plutot qu'un sentiment religieux, lorsqu'on gravit
le plateau sur lequel elle s'cleve. On ne sent pas, en voyant Notre-Dame
de Laon, l'empreinte d'une "civilisation avaneee et policee, comme 21 Paris
ou a Amiens; la tout est rude, hardi : c'est le monument d'un peuple
entreprenant, energique et plein d'une male grandeur. Ce sont les memes
hommes que l'on retrouve a Coucy-le-Chateau, c'est une race de geants.
Nous ne quitterons pas cette partie de la France sans parler de la catbe-
drale de Soissons. Cet edifice fut certainement concu sur un plan dont les
dispositions rappellent le plan de la cathetlrale de Noyon (fig. 10). Gomme
a Noyon, le transsept sud de la catherlrznle de Soissons, qui date de la lin
du xne sieele, est arrondi, et il est llanque a l'est d'une vaste chapelle cir-
culaire a deux etages, comme celles des transsepts de Laon. A Soissons,
Ce croisillon circulaire possede un bas cote avec gzilerie voütee au-dessus
1 Cotte. partie de la cathädralc de Laou est aujourd'hui eu pleine restauration, sons
la direction de M. Boeswilwzihl, architecte des monuments historiques. La cathedrafe
de Laon n'est plus siege dpiscopal depuis la nivolution; elle (Ieipexui du siräge de
Snissmxs.