Volltext: [Arts-Chapiteau] (T. 2)

CATIIIÜJDHALE 
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Paris et de Soissons. Faudrait-il donc voir, dans Feglise de Saint-Denis et 
dans les cathedrales de Noyon et de Senlis, le berceau de l'architecture 
ogival ? EtSuger, a la fois abbe et ministre, serait-il le premier qui eüt 
etc chercher les constructeurs en dehors des monasteres, quieüt compris 
que les arts et les sciences ctonffaient dans les cloitres et ne pouvaient 
plus se developper sous leur ombre ? Voila des questions que nous laissons 
a resoudre a plus habiles que nous. 
Mais, avant (Fentamer la description des monuments, que l'on nous 
permette encore un argument. SaintBernard s'etait, a plusieurs reprises, 
eleve contre le goüt dessculptures repandues dans les eglisesclunisiennes; 
son esprit droit, positif, eclaire, etait choque par ces representations des 
scenes singulierement travesties de l'Ancien et du Nouveau Testament, 
ces legendes, cette faqon barbare de figurer les vices et les vertus quita- 
pissaient les chapiteaux des eglises romanes. A Vezelay meme, au milieu 
de ces images les plus etrangemcnt sculptees, il n'avait pas craint de qua- 
lilier ces arts de barbares et d'impies, de les stigmatiser comme contraires 
a l'esprit chretien; aussi, lorsqu'il etablit la rbgle de (liteaux, voulut-il 
protester contre ce qu'il regardaitcomme une monstruosite, en s'abste- 
nant de toute representation sculptee. 
Les ames de la trempe de celle de saint Bernard sont rarementcomprises 
par la foule: quand elles sont soutenues par des vertus eclatantes, une 
convictionjnebranlable et une eloquence entrainante, tantqu'elles demeu- 
rent au milieu de la societe, elles exercent une pression sur ses goüls et 
ses habitudes; mais" sitot qu'elles ont disparu, ces goüts et ces habitudes 
reprennent leur empire; toutefois, de la protestation d'un esprit convaincu, 
il reste une trace inelfacalale. Faites honte 21 un homme de ses goüts de- 
praves, montrez-les-lui sous le cote odieux et ridicule, il ne se corrigera 
peut-etre pas, maisil modifiera la forme, l'expression de ces goüts. La 
protestation de saint Bernard ne changea pas les goüts de la nation pour 
les arts plastiques, heureusement; mais il est certain qu'il les modilia, et 
les modilia en les forcant de se diriger vers le vrai, vers le beau. Celte 
revolution se fait precisement au moment ou les arts se repandent en 
dehors du cloitre et deviennent le partage des latques. 
A Saint-Denis, les etrangetes contre lesquelles saint Bernard s'etait 
eleve ont deja disparu. Dans nos cathedrales des xne et xme siecles, il n'en 
reste plus trace. Sur les chapiteaux et dans les interieurs, des ornements 
empruntes a la flore locale; jamais ou tres-rarement des figures, des 
scenes sculptees : il semble que la voix de saint Bernard tonnait encore 
aux oreilles des imagiers. 
Dans nos cathedrales, l'iconographie se regle sous la haute direction 
des eveques; les ouvriers laiques ne tombent plus dans ces bizarreries 
affectionnees par les moines des x1" et me siecles. La sculpture cherche 
moins a surprendre ou terriüer qu'a instruire et expliquer; ce n'est plus 
de la superstition, c'est de la foi, de la poesie, de la science. 
Ainsi, constatons bien ce fait: avec le besoin d'elevei' nos grandes
	        
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