[ CATHEDRALE ] 292
modifiee pendant le cours du X1112 siecle. La coupe fait voir avec quel
soin le poids des constructions etait reparti sur les piles, et combien deja,
a cette epoque, les constructeurs cherchaient a eviter les murs. En effet,
sous l'appui des grandes fenetres A du triforium, faites pour etre vues
de la nef, sont menages des ares de decliarge.
La tradition de la construction romane est donc deja completement
abandonnee dans la cathedrale de Paris de la fin du xne siecle; il n'y a
plus que des piles et des arcs. Le systeme de la construction ogivale est
franchement ecrit dans ce remarquable monument.
Malheureusement, cette eglise recut tres-promptement d'importantes
modifications qui sont venues en alterer le caractere si simpleet gran-
diose. De 1230 a 12110 un incendie, dont l'histoire ne fait nulle mention,
mais dont les traces sont visibles sur le monument, detruisitf une partie
des charpentes superieures et des combles E du triforium de la cathe-
drale (voy. la coupe transversale fig. "2, et la coupe longitudinale fig. li);
les meneaux des roses J furent calcines, ainsi que leurs claveaux et
les bahuts 0 du grand comble. Il est probable que la seconde voleel
des arcs-boutants et les voutes du triforium furent endommagees.
ueja, a cette epoque, d'autres cathedrales avaient ete elevees, eton les
avait percees de fenetres plus grandes, garnies de brillants vitraux; cette
deeoration prenait chaque jour plus d'importance. Au lieu de reparer
le dommage survenu aux constructions de Notre-Dame de Paris, on en
profita pour supprimer les roses J percees au-dessus du triforium, faire
descendre les fenetres hautes, en sapant leurs appuis jusqu'au point P
(voy. 1a coupe fig. 2, la face exterieure fig. 3, etla coupe fig. la); on enleva
le cheneau D, on demolit les arcs-boutants HI a double volee, on descen-
dit le cheneau D au niveau R; on abaissa les triangles S des voütes, on
fit sur ces voütes un dallage a double pente; les grandes fenetres A de la
galerie furent coupees, ainsi qu'il est indique en Q (fig. 3); et, n'osant plus
laisser isolees les pilesK (fig. 2), qui ne se trouvaient plus suffisamment
etresillonnees par les couronnements D abaisses, on etablit de grands
arcs-boutants a une seule volee de T en V. Les arcs-boutants sons comble
L, detruits par le feu, furent supprimes, et les arcs-boutantsM resterent
seuls en place dans une situation anormale, car ils etaient trop hauts pour
contre-buter les voütes du tFlfOFlLIIH seulement. Les corniches et les
couronnements superieurs X furent refaits, les pinacles Z changes. Les
fenetres hautes, agrandies, furent garnies de meneaux (fig. 3 et h) tres_
simples, dont la forme et la sculpture nous donnent precisement Fepoque
de ce travail. A peine cette operation etait-elle terminee a la hate (car
l'examen des constructions denote une grande precipitation), que l'on
1 Nous n'avons, pour donner des dates, que le caracti-re architectonique des construc-
tions; mais, dans Flle-de-France, les progrcs sont si rapides, que l'on apergoit, dans
un espace de dix ans, des changements assez sensibles pour pouvoir, il coup sür, fixer
la date d'une construction.