Volltext: [Arts-Chapiteau] (T. 2)

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CATHEDRALE 
Nous ne voudrions pas que cette origine a la fois politique et religieuse 
donnee par nous a la grande cathedrale püt faire supposer que nous 
pretendons diminuer la valeur de cet elan qui se manifeste en France a 
1a {in du X112 siecle. Il y a dans le haut cierge seculier de cette epoque une 
pensee trop grande, dont les resultats ont ete trop vastes, pour qu'elle 
ne prenne pas sa source dans la religion; mais il ne faut pas oublier que, 
chez les peuples naissants, la religion et la politique vont de pair; il n'est 
pas possible de les separer; d'ailleurs les faits parlent deux-memes. On 
etait aussi religieux en France au commencement du x11" siecle qu'a la 
fin; cependant c'est precisement au moment ou les eveques font cause 
commune avec la monarchie, veulent se separer de la feodalite, qu'ils 
trouvent les ressources enormes dont l'emploi va leur permettre düälargir 
l'enceinte de leurs cathedrales pour contenir tout entieres les populations 
des villes. Non-seulement alors la cathedrale depasse les dimensions des 
plus vastes eglises dabhaycs, mais elle se saisit (l'une architecture nou- 
velle; son iconographie n'est plus celle des eglises monastiques; elle 
parle un nouveau langage; elle devientun livre pour la foule, elle instruit 
le peuple en meme temps qu'elle sert d'asile a la priere. 
Nous allons etudier tout a l'heure, surles monuments memes,les phases 
de ce mouvement qui se manifeste vers la {in du xne siecle. 
Poursuivons. L'alliance du clerge avec la monarchie ne tarda pas a 
inquicter les barons; saint Louis reconnut bientot que le pouvoir royal 
ne faisait que changer de maitre. En 4235, la noblesse de France et le roi 
sassemhlerent a Saint-Denis pour mettre des bornes a la puissance que 
les tribunaux ecclesiastiques sT-taient arrogee. En 12116, les barons redi- 
gerent un acte d'union, a et nommerent une commission de quatre des 
plus puissants d'entre eux', pour decider dans quel cas le baronnage 
devait prendre fait et cause pour tout seigneur vexe par le cierge; de 
plus, chaque seigneur s'etait engage ftmettre en commun la centieme 
partie de son revenu, atin de poursuivre activement le but de l'union. 
Ainsi on voit l'attitude du cierge francais quand saint Louis monta sur 
le tronc , elle etait hostile et menacante. n 
Au milieu de ces dangers, par sa conduite a la fois ferme et prudente, 
le saint roi sut contenir les pretentions exorbitantes du cierge dans de 
justes bornes, et faire prevaloir Pautorite monarchique sur la feodalite. 
Des 1250, le peuple, rassure par la predominance du pouvoir royal, 
shabituant a le considerer comme le representant de Punite nationale, 
trouvant sous son ombre Fautorite avec la justice, ne montra plus le meme 
empressement pour jeter dans l'un des plateaux de la balance ces tresors 
qui, cinquante ans auparavant, avaient permis de commencer sur des 
proportions gigantesques les cathedrales. Aussi est-ce apartir de cette 
epoque que nous voyons ces constructions se ralentir, ou s'achever a 
la hate sur de moins vastes patrons, datroplzier, pour ainsi dire. Faut-il 
Le comte Beugnot, Institut. de saint Louis.
	        
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