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CARRELAGE
Nous presentons (fig. 8) une portion de la rosace de terre cuite emaillee
de Saint-Pierre sur Dive, qui est certainement une des belles composi-
tions de ce genre. Les carreaux qui forment cette rosace excedent les
dimensions ordinaires; quelques-uns ont 01'318 de cüte, ceuX octogones
des ecoincons ont jusqifa 0'223.
On voit encore, dans la chapelle Saint-Michel de Yeglise collegiale de
Saint-Quentin, un carrelage de la fin du X116 siecle, compose egalement
de bandes de pierre encadrant des briques de couleur brun fonce. De
mcme a Saint-Denis, si nous en croyons les" croquis de M. Perciegquel-
ques carrelages des chapelles presentaientdes encadrements de pierres
unies. Ce systeme parait donc avoir ete adopte au XII" siecle, taudis
qu'au X1118 siecle les deux matieres ne se trouvent plus reunies; le carre-
lage de terre cuite couvre sans melange les salles pour le pavage des-
quelles il est reserve, ct les dalles ne viennent plus s'y meler.
Ainsi que nous l'avons dit deja, le rouge domine dans les carrelages
du X1112 siecle; c'est qtfaussi le procede de fabrication change et se sim-
plifie. Il est a remarquer que, dans tous les arts etindustries qui se ratta-
client a l'architecture, le X118 siecle a, sur le X1118, une grande superiorite
dexecution; les vitraux, les peintures, les sculptures, dallages incrustes
et carrelages du X118 siecle, et nous dirons meme la construction des
edifices, denotent un soin et une recherche que le X1110 siecle, preoccupe
de ses grandes conceptions, abandonne bientot. Le procede de fabrica-
tion des carrelages du X118 siecle, soit qu'ils fussent composes de pieces
enchevetrees, soit qu'ils fussent incrustes, exigeait beaucoup de temps,
11H grand nombre d'operations successives, une main-d'oeuvre lente. Au
X1110 siecle, on se contente de la brique rouge estampee, incrustee d'une
terre blanc jaune, et couverte d'un cmail transparent. Quelquefois la
terre blanche fait le fond, plus frequemment elle fait le dessin; dans
l'un comme dans l'autre cas, le procede de fabrication est le meme. Les
carreaux noirs, pour etre incrustes comme ceux de Sziint-Pierre sur Dive,
exigeaient cinq operations successives, sans la cuisson: 101e moulage de
la brique; 2" une premiere couverte d'une terre fine, noircic par un
oxyde metallique; 3" Festampage du dessin en creux; L1" le remplissage
en creux parnne terre blanche, le battage; 50 Yemaillage. Les carreaux
POUges incrustes de blanc n'en exigeaient que quatre: 10 le moulage
de 1a brique; 2" Yestampage; 3" le remplissage du creux, le battage;
110 Pemaillage. Aussi, pendant le XIIIC siecle, les carreaux noirs sont
generalement unis et ne sont emplogfes que comme encadrements. Uemail
des carrelages du X1110 siecle est toujours, comme celui du X119, colore
BU jaune; il contribue a donner ainsi de l'eclat au blanc et au rouge.
Les carreaux de brique rouge carreeincrustee, si fort en vogue au
X111" siecle, forment des dessins isoles ou par quatre. Il n'est pas besoin
(le demontrer comment ce systcme permettait de trouver des combinai-
sons de dessins a l'infini.
Voici des carreaux inerustes et emailles provenant du chateau de Coucy,