255 [ÜCARRELAGE j
du xnrf siecle different de ceux du x11", c'est aussi parle mode de fabrica-
tion; en cela, comme en toute chose, le XIIIB siecle rompt franchement
avec les traditions : au lieu de composer les dessins des carrelages au
moyen de pieces assemblees de formes varices, il adopta un systeme de
carreaux ordinairement carres, ornes au moyen dincrustations de terres
de couleurs dilTerentes, rouges sur jaunes, ou jaunes sur rouges. Les
carreaux noirs furent employes, le plus souvent alors, comme encadre-
ments; le noir vert devint plus rare, pour reparaitre au XIVe siecle. Les
exemples de carrelages du X1110 siecle abondent dans nos anciennes eglises,
dans les chäteaux, palais et maisons. Il faut toutefois remarquer ici que le
carrelage de terre cuite cmaillee n'est guerc employe que dans les chceurs,
les chapelles, ou les salles qui n'etaient pas faites pour recevoir un grand
Concours de monde. Uemail {enlevant assez facilement parle frottement
des chaussures, on n'cmployait pas les carreaux emailles dansles nefs ou
collateraux, dans les galeries on grandes salles des chäteanx et palais. Si
la terre cuite etait mise en muvre dans les lieux tres-frequentes, elle etait
posee sans email et alternee souvent avec des dalles de pierre et meme
des carreaux de marbre. D'ailleurs il ne faut pas oublier qu'a partir du
Xlle siecle, le sol des nefs düäglises servait de sepulture, et quäätant ainsi
bouleverse sans cesse et recouvert de dalles funeraires, il n'etait guere
possible d,y maintenir un dessin gent-irai compose de petites pieces de
terre cuite.
Nous avons dit que le X1110 siecle avait remplace le carrelage de terre
Cuite (mosatque) par des carreaux incrustes dbrnements. L'origine de ce
mode de fabrication est facile a decouvrir: des Pcpoque merovingienne,
on cuisait des briques pour pavage, prcsentant en creux des dessins plus
011 moins compliques ; ces dessins sbbtenaient au moyen d'une estampille
Elppliquee sur la terre encore molle. On retrouve dans Yeglise de l'ancien
Prieure de Laitre-sous-Amance, consacre en 1076, des carreaux qui ne
Sont pas recouverts düämail, mais simplement estampes en creux. a Ces
briquesl sont carrees ou barlongues; ces dernieres ont 0'209 de lar-
geur sur 0'118 de longueur. Elles offrent, soit des lignes droites qui se
C0l1pent de maniere a former des carres, soit des rinceatix enfermes
entre deux bandes chargees de hachures. Les briques barlongues for-
maient des encadrements dans lesquels on rangeait, l'une a cote de
l'autre, un certain nombre de briques carrees. n
Nous avons trouve, dans des fouilles faites a Saint-Denis, quelques
carreaux ainsi graves de cercles et de losanges recouverts d'un email
tendre, opaque, blanc sale, produit par une legere couche de terre plus
fusible que le corps de la brique. Voici une copie, moitie d'execution, de
carreaux ainsi estampilles provenant des fouilles faites sur liemplacement
de l'ancienne eglise de Sainte-Colombe a Sens, et dont la date parait fort
' VOy. PEssai sur le pavage des dglises untür. au xvÜ sfäcle, par M. Deschannps du Pus
Annales archdoL, t. X). Ballet. Inonmfz. de M. de Caumont, 18118, p. 712.
11. 3h