Volltext: [Arts-Chapiteau] (T. 2)

 257  [ CANNELURE ] 
 CANNELURE, s. f. C'est une moulure en forme de petit canal creuse 
verticalement sur la circonference des colonnes ou sur les faces des 
pilastres. Les Grecs avaient adopte la cannelure sur les füts des colonnes 
des ordres dorique, ionique et corinthien; les Romains Yemployerent 
egalement, autant que les matieres dont etaient composees leurs colonnes 
le permettaient: aussi voyons-nous, en France, la cannelure appliquee 
aux colonnes et pilastres de Fepoque romane dans les contrees oü l'archi- 
tecture romaine avait laisse de nombreux vestiges. En Provence, le long 
du Bhone, (le la Saone et dela Haute-Marne, etjusqrfen Bourgogne, des 
cannelures sont parfois creusces, pendant le X110 sieclc, sur les colonnes, 
mais plus particulierement sur les faces des pilastres. Il se iaisait alors 
une sorte de renaissance, qui, dans ces contrees couvertes de fragments 
antiques, conduisait les architectes a imiter la sculpture romaine, que la 
filiation romane avait peu il peu denaturee. Ce retour vers les details de 
la sculpture antique est tries-sensible au portail de Feglise de Saint-Gilles, 
dans le cloitre de Saint-Trophime a Arles, au Thor, a Pernes, a Cavaillon 
en Provence, dans toutes ces eglises qui bordent le lthone ; puis, plus au 
nord, a Langres, a Autun, a Beaune, a Semur en Brionnais, ala Cliarite- 
sur-Loire, a Cluny. Dans l'architecture de ces pays, le pilastre est prefere 
51 la colonne engagee, et toujours le lailastre est cannele; et, il faut le 
dire, sa cannelure est d'un plus beau profil que la cannelure romaine, 
trop maigre et trop creuse, mal terminee au sommet par un demi-cercle 
dont la forme est molle, confuse pres de la base, lorsqu'elle est remplie 
"par une baguette. La cannelure occidentale du X116 siecle se rapproche 
des protils et de Pechelle des cannelures grecques, comme beaucoup 
d'autres profils de cette epoque. 
Nous donnons (fig. l) un des pilastres du triforium de la cathedrale de 
ntest-il pas, a notre sens, de spectacle plus touchant, dans nos eglises, que la vue de 
ces femmes venant silencieusement sagenouiller devant les terribles scenes de la. 
paission, et les suivre ainsi une a une jusqirii la derniere. Pourquoi faut-il que ces 
prieres si respectables (car elles ne sont inspirees ni par un ilesii- ambitieux, ni par 
des souhaits indiscrets, mais par la douleur et le besoin de consolation) soient adressees 
il Dieu devant des images presque toujours hideuses ou ridicules, qui deshonorent 
nos eglises? Ces tableaux des stations sont fabriques en bloc, a prix fixes, se payent 
au metre ou en raison du plus ou moins de couleur dont elles sont harbouillees. Elles 
sortent des moines ateliers qui envoient en province des devants de clieminee grave- 
leux, des scenes bacliiques pour les tavernes; et, il tout bien le dire, un point de vue 
(le Part, ces peintures n'ont meme pas le merite des papiers peints les plus vulgaires. 
Il nous semble que les images qui doivent trouver place dans eglises, meme les 
plus humbles, pourraient etre soumises a un controle severe de la part des membres 
("Claires du haut cierge : qu'elles soient parfaites, cela est difficile; mais faudrait-il au 
moins qu'elles ne fussent jamais ridicules ou repoussantes; qu'elles ne fussent pas, 
comme art, ail-dessous de ce qu'on voit dans les cabarets. Sinon, mieux vaut une 
Simple inscription; si pauvre que soit l'imagination de celui qui prie, elle lui peindra 
_les scenes de la passion d'une maniere plus noble et plus digne que ne le t'ont ces 
tableaux grotesques.
	        
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