AUTEL
emportait dans les voyages. Aussi l'Ordre romain les appelle-t-il tabulus
itinerfaaiias. Les inventaires des tresors (Yeglises font mention frequemment
d'autels portatifs.
Sur les tables d'autels fixes, il etait d'usage, des avant le 1x0 siecle,
d'incruster des propitiattoircs, qui etaient des plaques d'or ou d'argent sur
lesquelles on offrait le saint sacrilice. Anastase le Bibliothecaire dit, dans
sa [fig du pape Pascal I", que ce souverain pontife fit poser un propi-
tiatoire d'argent sur l'autel de Saint-Pierre de Reine, un sur l'autel de
Feglise Sainte-Praxecle, sur les autels de Sainte-Marie de Gosmedin,
de la basilique de Sainte-Marie Majeure. Le pape Leon IV lit egalement
faire un propitiatoire pesant '72 livres dütrgent et 80 livres d'or pour l'autel
de la basilique de Saint-Pierre.
Les autels primitifs, qu'ils fussent de pierre, de bois ou de metal, etaient
creux. L'autel d'or dresse par Farcheveque Angelbert dans Feglise Saint-
Ambroise de Milan etait creux, et l'on pouvait apercevoir les reliques
qu'il contenait par une ouverture percee par derriere 1.
Ueveque Adelhelme, quivivaita 1a {in du 1x" siecle, raconte qu'un soldat
du roi Bozon, qui etait devenu aveugle, recouvre la vue en se glissant sous
l'autel de Feglise de Mouchy-le-Netif, du diocese de Paris, pendant qu'on
celebrait la messe. Les monuments viennent a cet egard appuyer les textes
nombreux que nous croyons inutile de citer 2; les autels les plus anciens
connus sont generalement portes sur une ou plusieurs colonnes (fig. 1
et 2 3). La plupart des autels grecs etaient portes sur une seule colonne.
L'usage des autels creux ou portes sur des points d'appui isoles s'est con-
serve jusqu'au xve siecle. L'autel ifetait considere jusqu'alors que comme
une table sous laquelle on placait pilffülä de saintes reliques, ou qui etait
elevee au-dessus d'une crypte renfermant un corps-saint; car, a vrai dire,
les reliquaires etaient plutot, pendant le moyen tige, poses, a certaines
occasions, sur l'autel que dessous 4. Il n'existe plus, que nous sachions, en
1 Ughellus, l. IV.
2 Voy. Dzissert. ecclds. sur les garincip. autels des eglises, par J. 15. 'l'l1icrs. Paris, 1688.
Nous ne pouvons mieux faire que de renvoyer nos lecteurs il ce curieux ouvrage, plein
de recherches savantes.
3 La ligure 1 donne l'autel de la chapelle de la Vierge de lkglise de Montreal (Bour-
gogne); cet autel est du X110 sieele. La figure 2, le mailre autel de Peglise de Bois-Sainte-
lNIarie (Saüne-et-Loire); cet autel est du x10 sieele. A est le socle avec Fincrusteinent des
colonnetles; B, le chapiteau de la eolonnette centrale; C, la base d'une des (luatre co-
lonnes. Nous devons ce dessin f! l'obligeance de M. Millet, lätrcliitecti: de la curieuse
eglise de Bois-Sainte-Marie
4 a Rien ne nous porte il croire, dit Thiers dans ses Dzissert. eccläs. sur les prirzcip.
autels des äglises (p. 112), qu'on ait mis des reliques des saints sur les autels avant le
x10 siecle; nul canon, nul (Iecrct, nul reglement, nul exemple, nul temoignage des
ecrivains ecelesizlstiques ne nous le persuade; ou si l'on yen a mis, les saints de qui
elles etoicnt s'en sont oifenses et les ont fait Dans le x0 siecle meme, (luelques
saints ont cru qu'il y avoit de Pirreverenee a mettre leurs reliques sur les autels. En