BOUTIQUE
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et, bien que les devantures primitives aient eie remplacees par des ferme-
tures recentes, il n'est pas douteux que, dans l'origine, ces grandes ou-
vertures carrees n'eussent etc destinees a recevoir de la boiserie posee
en arriere des piliers. Dans les villes nieridionales, des corbeaux de
pierre saillants portaient des auvents de bois ou de toile poses devant
l'ouverture des arcades (voy. AUVENT).
Dejä, au XVe siecle, les marchands demandaient des jours plus larges sur
la rue; les boutiques ouvertes par des arcs plein ceintre, en tiers-point ou
bombes, ne leur permettaient pas de faire des etalages assez etendus. Les
constructeurs civils cherchaient, par de nouvelles combinaisons, 51 satisfaire
a ce besoin imperieux; mais cela etait difficile a obtenir avec la pierre, sans
le secours du bois et du fer, surtout lorsqu'on etait limite par la hauteur
des rez-de-chaussee, qui ne depassaient guere alors trois ou quatre metres,
et lorsqu'il fallait elever plusieurs etages au-dessus de ces rez-de-chaussee.
Voici un exemple d'une de ces tentatives (fig. 3). C'est une boutique
d'une des maisons de Saint-Antonin ; son ouverture n'a pas moins de
7 metres : sa construction remonte au xve sieolc. L'arc surbaisse, obtenu
au moyen de quatre centres, est double dans les reins, simple en se rap-
prochant de la clef; celle-ci est soulagee par une colonne. Quoique cet
arc porte deux etages et un comble, il ne s'est pas deforme; ses coupes
sont d'ailleurs exccutecs avec une grande perfection, et la pierre est
d'une qualite fort dure.
Mais au xvc siecle, dans les villes du Nord surtout, les constructions de
bois furent presque exclusivement adoptees pour les maisons des mar-
chands, et ce mode permettait d'ouvrir largement les boutiques sur la rue
au moyen de poteaux et de poitraux dont la portee ctait soulagee par des