BOUTIQUE
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Nous ne pouvons donnera nos lecteurs un exemple de bourse francaise
du moyen age, ces etablissements n'existant pas et n'ayant pas de raison
d'exister. Nous devons dire, a l'honneur des monasteres (car c'est toujours
la qu'il faut revenir lorsqu'on veut comprendre et expliquer la vie du
moyen age en France), que ces centres de religieux reguliers furent les
premiers a etablir des foires sur le territoire de la France. Possesseurs de
vastes domaines, d'usines, agriculteurs et fabricants, ils formaient le noyau
de ces agglomerations periodiques de marchands. Certes, ils tiraient un
profit considerable de ces reunions, soit par la vente de leurs produits et
denrees, soit par la location des terrains qu'ils abandonnaient temporai-
rement : vastes camps pacifiques dont la foire de Beaueaire peut seule
aujourd'hui nous donner Yidee. Mais ce profit, outre qu'il etait fort
legitimc, etait une sauvegarde pour le commerce; voici comment : Les
monasteres conservaient un droit de controle sur les objets apportes en
foire, et ils ne laissaient pas mettre en vente des marchandises de mau-
vaise qualite; cela eut peu a peu discrcdite le centre commercial; quant
aux denrees ou produits sortis de leurs mains, ils avaient interet et te-
naient a coeur de leur maintenir une superiorite sur tous les autres. Les
bois, les cereales, les vins, les fers, les tissus, les pelleteries, les laines
sortant des etablissements religieux, etaient toujours de qualite supe-
rieure, recherches, et aehetes de coniiance; car le couvent n'etait pas un
fabricant ou un agriculteur qui passe et cherche a gagner le plus possible
sa vie durant, quitte a laisser apres lui un etablissement discredite; c'e-
tait, au contraire, un centre perpetuel de produits, travaillant plus pour
conserver sa reputation de superiorite, et par consequent un debit assure
a tout jamais, que pour obtenir un gain exagere, accidentel, en livrant
des produits falsifies ou de mediocre qualite, au detriment de l'avenir.
Les etablissements religieux a la {in du siecle dernier, nüätztient plus ce
que les xc et X110 siecles les avaient faits; et cependant cette epoque n'est
pas assez eloiguee de nous pour que nous ayons oublie {la reputation
meritee dont jouissaient encore les vins, par exemple, des grands mo-
nasteres, pendant ces dernieres annees de leur existence.
Si des villes comme Amsterdam, Anvers, Londres, qui n'etaient et ne
sont, par le fait, que de grands entrepots, ont eu besoin de bourses pour
etablir la valeur journaliere des produits qu'elles recevaient et expor-
talent, il n'en etait pas de meme en France, pays plus agricole qu'in-
dustriel et commereant, qui consomme chez lui la plus grande partie de
ses produits.
BOUTIQUE, s. f. Salle ouverte sur la rue, au rez-de-ehaussee, dans
laquelle les marchands etalent leurs marchandises. Il n'est pas besoin
de dire que l'usage des boutiques appartient Z1 tous les pays, ä toutes les
epoques et a toutes les civilisations. Dans Panliquile grecque et romaine,
des boutiques occupaient le rez-de-ehaussee des maisons des villes; il en
fut de meme en France pendant le moyen äge. (les boutiques se com-