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saillants, l'ouverture des angles de leurs faces et de leurs flancs, que par
la solidite des constructions.
Il est curieux de suivre pas a pas toutes les tentatives des architectes et
ingenieurs de cette epoque : comme toujours, les dispositions les plus
simples sont celles qui sont adoptees en dernier lieu. L'art de battre
en breehe faisant des jarogres rapides, il fallait, chaque jour, opposer de
nouveaux obstacles aux feux convergents des assiegeants. Longtemps
les constructeurs militaires se preoccuperent de couvrir leurs batteries,
de les masquer jusqu'au moment de l'assaut, plutot que de battre au loin
les abords des forteresses, et d'opposer a une armee d'investissement un
grand nombre de bouches a feu pouvant faire converger leurs projectiles
sur tous les points de la circonference. Ce ne fut que quand l'artillerie de
siege fut bien montee, nombreuse, qu'elle eut perfectionne son tir, et
que les batteries a ricochets purent atteindre des defenses rnasquces, que
l'on sentit la necessite d'allonger les faces des boulevards, de remplacer
les orillons, qui ne preservztient plus les pieces destinees ajenliler les
courtines, par des flancs etendus et enfilant les flancs des boulevards voi-
sins; mais alors les boulevards prirent le nom de bastions 1. La denomi-
nation de boulevard fut conservee aux promenades plantees d'arbres qui
s'elablirent sur les anciens ouvrages de defense.
La grande artere qui, a Paris, entoure la rive droite, de la Madeleine
a la Bastille, a longtemps laisse voir la trace des anciens boulevards sur
lesquels elle passait. Les nivellements et alignements operes depuis une
vingtaine d'annees ont a peu pres detruit ces derniers vestiges des defenses
de l'enceinte du nord commeneee en 1536, et successivement augmentee
jusque sous Louis XIII. uEn ce temps-la, dit Sauval 2, les ennemis etoient
a si puissans en Picardic, qu'ils ne menacoient pas moins que de venir
fc forcer Paris; le cardinal du Bellay, lieutenant generztl pour le roy, tant
a dans la ville que par toute l'Isle de France, en etant averti, pour les
u mieux recevoir, outre plusieurs tranchees, fit faire des fosses et des
a boulevards, depuis la porte Saint-Honore jusquil celle de Saint-An-
a toine, et afin que ce travail allat vite, en 4536, les officiers de la ville,
a s'etant assembles le 29 juillet, deifendirent a tous les artisans l'exercice
a de leur metier deux mois durant, avec ordre aux seize quarteniers de
a lever seize mille manoeuvres, et de plus a ceux des faux-laourgs d'en
1 Voyez l'article ARCHITECTURE MILITAIRE. Parmi les ouvrages il consulter : Della fortif.
rlelle citte, di M. Girolunlo hlaggi c del capitan. Jacomo Castriolto. Vcnelia, 1583.
Disc. sur plusieurs poincls de Farchiieciure de guerre, par M. Aurcl. de Pasino. Anvers,
1579. Dalle fortffl, di Giov. Scala. Romc, 1596. Le Fortifi, di Buonaiuto Lorini.
Venetia, 1609. La fortif. dänzonlräe, par Errard du Bar-lc-Duc, 1620. Les For-
tifications, du chev. Ant. Dcvillc. Lyon, 16111. La fort. guarzlin, difesa et empug.
delle fortezze. Tcnsini, 1655, Vcnetia. For-tif. ou Arahit. miZiL, par S. Marolois.
Amsterdaln, 162 7. Architecture militaire de Spekle. Strasbourg, 1859. La Fortif.
däduite de son histoire, par le gdndral Tripicr, 1866.
2 Tome 1, page 113.