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u Et sachez que les Francois qui estoient devant Breteuil ne sejotirnoient
(1 mie de imaginer et subtillcr plusieurs assauts pour plus grcvcr ceux de
w la garnison. Aussi les chevaliers et ecuyers qui dedans estoient subtil-
H loient nuit et jour pour eux porter dommage ; et avoient ceux de l'est
K fait lever et dresser grands engins qui jetoicnt nuit et jour sur les
(1 combles des tours, et ce moult les travailloit. Et fit le roi de France faire
K par grand'foison de charpentiers un grand belfroy a trois etages que on
ff menoit a roues quelle part que on vouloit. En chacun etage pouvoit
H bien entrer deux cents hommes et tous eux aider; et estoit breteskie et
(f cuire pour le trait trop malement fort; et Fappeloientles plusieurs un
"H Cas, et les autres un atournement d'assaut. Si ne fut mie si tost fait,
K Charpente ni ouvre. Entrementes que on le charpente et appareilla, on
K fit par les vilains du pays amener, apporter et acharger grandToison de
(f bois et tout renverser en les fosses, et estrain et trefs (paille et picces de
H bois) sus pour amener ledit engin sur les quatre rouesjusqucs aux murs
(t pour combattre a ceux de dedans. Si mit-on bien un moisa remplir
(t les fosses a l'endroit ou on vouloit assaillir et a faire le char (le charroi).
K Quand tout fut prest, en ce beffroy entreront grandToison de bons che-
(t valiers et escuyers qui se desiroient a avancer. Si fut ce beffroy sur ces
W quatre roues aboute et amene jusques aux murs. Ceux de'la garnison
G avoient bien vu faire ledit beffroy, et savoient bien l'ordonnance en
(f partie comment on les devoit assaillir. Si estoient pourvus selon ce de
ff Canons jetant feu et grands gros carreaux pour tout derompre. Si se
K mirent tantost en ordonnance pour assaillir ce beffroy et eux deffendrc
W de grandvolontc. Et de commencement, aincois que ils fesissent traire
(t leurs canons, ils s'en vinrent combattre a ceux du hetfroy franchement
(1 main a main. La eut fait plusieurs grands appertises d'armes. Quand ils
(f Se furent plante ebattus, ils commencerent a traire de leurs canons et
(f il jeter feu sur ce beffroy et dedans, et avec ce feu traire epaissement
(f grands carreaux et gros qui en blesserent et oceirent graudToison, et
(1 tellement les enfoncerent que ils ne savoient auquel entendre. Le feu,
K qui estoit gregeois, se prit au toit de ce beffroy, et convint ceux qui de-
(l dans estoient issir de force, autrement ils eussent etc toutars et perdus.
(f Quand les compagnons de Breteuil virent ce, si eut entre eux grand'
(t huerie, et secrierent haut z Saint-George ! Loyaute et Navarre !
(f Loyaute! Et puis dirent: Seigneurs francois, par Dieu, vous ne
ft nous aurez point ainsi que vous cuidez. Si demeura la greigneurc
H partie de ce beffroy en ces fosses, ni oncques depuis nul n'y entra v
Lorsque la {in du xvesiecle les auteurs de Yantiquite furenten honneur,
on fit de nombreuses traductions de Vegece, de Vitruve, et leurs traduc-
leurs ou commentateurs siugenierent a trouver dans ces auteurs des
implications a l'art militaire de leur temps. Ces travaux, utiles peut-etre
Froissart, Chronique, liv.
IN: 20 P1111, Chilpl
xxr, 61
lit. Buchou.