BEFFILO I
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pas a adopter, eux aussi, les tours de bois mobiles. Lorsque 1e camp des
Romains est assiege par les Nerviens revoltesl, a le septieme jour du
a siege, un grand vent s'elant eleve, les ennemis lanceront dans le camp
a des dards entlammes, et avec 1a fronde des balles d'argile rougies au
a feu. Les baraques de nos soldats, couvertes de paille a la maniere gau-
fr liose, eurent bientot pris feu, et en un instant le vent porta 1a flamme
r: sur tout 1e camp. Alors, poussant de grands cris comme si deja la vic-
e tiore eut ete pour eux, ils firent avancer leurs tours et leurs tortues, et
a commenceront a escalader les retranchements. Mais tels furent le cou-
a rage et la solidite de nos troupes, que, de toutes parts environnees de
a flammes, accablees d'une grele de traits, sachant que l'incendie devo-
(t rait leur bagage et" leur fortune, aucun soldat ne quitta son poste el ne
a songea meme a regarder en arriere; tous combattirent avec acharne-
a ment. Cette journee fut rude pour nous; cependant beaucoup d'enne-
rr mis y furent tues ou blesses; entasses au pied du rempart, les derniers
a venus empechaient les autres de se retirer. Quand l'incendie fut un peu
a apaise, les assaillants ayant roule une de leurs tours pres du retran-
fr chement, les centurions de la troisieme cohorte postes sur ce point
a skäloignerent, emmenerent tout leur monde, et, appelant les ennemis
a du geste et de 1a voix, les inviterent a entrer s'ils voulaient; aucun n'osa
(f se porter en avant. On les dispersa par une grele de pierres, et l'on
a brüla leur touiz... n
Depuis lors, et jusqi1':11l'emploi de l'artillerie a feu, on ne cessa, dans
les Gaules, d'employer ce moyen d'attaque pendant les sieges. Il n'est pas
besoin de dire qu'il ne nous reste aucun renseignement pratique sur ces
enormes machines. Nous devons nous en tenir aux descriptions assez
vagues qui nous sont restees, a quelques vignettes de manuscrits execu-
tees de faeon qu'il est impossible de constater les moyens employes pour
les faire mouvoir. Pendant le moyen fige, ces tours mobiles etaient assez
vastes pour contenir une troupe nombreuse; elles etaient divisees par des
planchers formant plusieurs otages peroes de meurtrieres, et leur sommet
crenele, dont la hauteur etait calculee de maniere a dominer la crete des
tours ou murailles attaquees, recevait un pont s'abattant sur les para-
pets des assieges, lorsque le beffroi etait amene le long des murs. On
garnissait exterieurement ces grandes charpentes de peaux fraiches, de
grosses etoffes de laine mouillees, pour les preserver des projectiles
incendiaires. (Voy. ARCHITECTURE MILITAIRE, fig. 15 et 16.)
C'est au siege du chateau de Breteuil par le roi Jean (1356), qu'il est
fait mention une des dernieres fois d'un beffroi mobile, et la description
que Froissart donne de ce siege merite d'etre transcrite, car l'artillerie
a feu commence a jouer un role important en detruisant les anciens
engins d'assaut, si formidables jusqu'alors.
Ül? bello gallicn, Iih. V