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sainte Chapelle de Paris (voy. fig. 3h), les trois colonnes des piles enga-
gees et les colonnettes de Farcature ont le meme profil de base, qui se
continue entre ces colonnettes le long du pied de 1a tapisserie; seulement
le profil applique aux colonnettes de Farcature, et courant le long du
parement, est plus eamard que celui des grosses colonnes. Les architectes
du XIIIE siecle, artistes de goüt autant au moins que logiciens scrupuleux,
avaient senti qu'il fallait, dans leurs edifices composes de tant de mem-
bres divers, successivement du principe auquel ils s'etaicnt sou-
mis, rattacher ces membres par de grandes lignes horizontales, d'autant
mieux accusees qu'elles etaient plus rares. La base placee presque au ni-
veau de l'oeil etait, plus que le sol encore, le veritable point de depart de
toute leur ordonnance; ils cherchaient si bien a eviter, dans cette ligne,
les ressauts, les demanchements de niveaux, qu'ils reunissaient souvent
les bases des piles adossees aux murs par une assise continuant le proiil
de ces bases, ainsi qu'on peut le voir a la sainte Chapelle de Paris.
Lorsque les edifiees se composent, comme les grandes eglises, de ran-
gees de piles isolees et de piles engagees dans les murs lateraux, les bases
atteignent des niveaux differents, celles des grandes piles isolees etant
plus hautes que celles des piles des bas cotes. Cela est fort bien raisonne,
car un niveau unique pour les bases des piles courtes et des piles elancees
devait etre choquant; ce niveau eut etc trop eleve pour les piles des bas
cotes, ou trop bas pour les piles isolecs qui montentjusqu'a la grande
voüte. Ainsi, pour les grandes piles, la base se compose generalement de
trois membres: l" (l'un socle inferieur circonscrivant les polygones,
2" d'un second socle avec moulure, 3" de la base proprement dite avec sa
plinthe; tandis que pour les piles des bas cotes, la base ne se compose
guere que de deux membres: l" d'un socle a la hauteur du banc, 2" de
la base avec sa plinthe. Sile bas cote est double, 1e second rang de piles
isolees est porte sur des bases dont le niveau est le meme que celui des
bases des piles engagees, puisque ce second rang de piles n'a que la hau-
teur de celles adossees aux murs lateraux. Si grand que soit Fedifice,
les bases dont le niveau est plus eleve ne depassent jamais et atteignent
Parement, dans les monuments construits par les artistes de France au
Nm" siecle, la hauteur de l'oeil, dest-a-dire 1'260. La hauteur de la base
est donc le veritable module de l'architecture ogivale: c'est le point de
COmparaison, Pechelle; c'est comme une ligne de niveau tracee au pied
de Fediüee, qui rappelle partout la stature humaine. Si le sol s'eleve de
quelques marches, comme dans les choeurs des cglises, le niveau de la
base ressaute d'autant, retrace une seconde ligne de niveau, indique un
antre sol. (les regles sont bien eloignees de celles qu'on a voulu etablir
sur les ordres romains, et qui sont du reste rarement conilrmees par les
faits; mais n'oublions pas qu'il faut etudier l'architecture antique et
l'architecture ogivale a deux points de vue differents.
En soumettant ainsi les piles et les membres de ces piles ä un seul
profil de bases, sans tenir compte des diametres des colonnes, les archi-