A RMOIRIES
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patte senestre de derriere en arriere; ou passant, autrement dit läopardä,
s'il parait marcher. Le leopard montre toujours son masque de face; sa
posture habituelle est d'etre passant; s'il rampe, on le dit lionne ou
rampant.
Le lion et le leopard ont des termes accessoires qui leur sont communs:
ils sont armes, lampassäs, accoläs, mentbräs, couronnes, adossäs, ajfronläs,
contournäs, contre- passants, issants, nazssants, mornes, dzfamcfs, bareles,
bandes, coupes, partis, fascäs, äclziguetäs, cflzerrnine, de vair. Le lion arme
se dit des ongles, qui peuvent etre d'un email different de celui du reste
du corps; lanzpassa, de la langue; morne, lorsqu'il n'a ni langue, ni dents,
ni ongles; dzffamä, lorsqu'il n'a pas de queue. Olivier de Clisson, conne-
table de France sous Charles VI, portait de gueules au lion d'argent arme,
lanzpassä et couronne d'or, etc.
Pendant les X1116, XIVe et xve siecles, les animaux heraldiques etaient
figures d'apres certaines formes de convention qu'il est necessaire de bien
connaitre, car ce n'est pas sans raison qu'elles avaient ete adoptees. Les
differentes figures qui couvrent l'eau etant destinees le plus souvent a etre
vues de loin, il fallait que leur forme fut tres-accentuee. Les artistes
de ces epoques l'avaient compris; si les membres des animaux ne sont pas
biendetaches, si leur mouvement n'est pas exagere, si leur physionomie
n'est pas parfaitement distincte, a une certaine distance ces figures per-
dent leur caractere particulier, et ne presentent plus qu'une tache con-
fuse. Depuis le XVIe siecle, le dessin decoratif s'est amolli, et les figures
heraldiques ont perdu ce caractere qui les faisait facilement reconnaitre.
On a voulu donner aux animaux une physionomie plus reelle, et comme
l'art heraldique est un art purement de convention, cette tentative etait
contraire a son principe. Il est donc d'une grande importance de se pene-
trer des formes traditionnelles donnees aux animaux comme a toutes les
autres figures, lorsqu'il s'agit de peindre des armoiries. Bien que nous
ne puissionsdans ce resume donner des exemples trop nombreux, nous
essayerons cependant de reunir quelques types qui feront comprendre.
combien on s'est ecarte, dans les derniers siecles, des formes qui n'avaient
pas ete adoptees sans cause, et combien il est utile de les connaitre: car,
dans tous les armoriaux imprimes depuis la renaissance, ces types ont
ete chaque jour de plus en plus defigures; c'est tout au plus si, dans les
derniers ouvrages qui traitent de cette matiere, on trouve quelques ves-
tiges d'un_ dessin qui n'eut pas du souffrir d'alteration, puisque les
armoiries sont des signes dont le principal merite est de perpetuer une
tradition. C'est surtout dans les monuments du XIVe siecle que nous cher-
cherons ces types, car c'est pendant ce siecle que l'art heraldique adopta
des figures dont les caracteres bien tranches furent reproduits sans mo-
ditications sensibles jusqu'au moment ou les artistes, habitues a une
imitation vulgaire de la nature, ne comprirent plus les lois fondamentales
de la decoration appliquee aux monuments, aux meubles, aux armes,
aux vetements. Voici donc quelques-unes de ces ügures :