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ARDOISE
egard aux principes de la construction de cette architecture, on appa-
reilla ensemble Varchitrave et la frise, en faisant passer les coupes des
claveauxä travers ces deux membres de Pentablement : cfetait un grossier
contre-sens qui s'est perpetue jusquää nos jours.
ARDOISE, s. f. Schiste lamelleux. Dans les contrees ou le schiste est
facile a exploiter, on s'en est servi de tout temps, soit pour daller les in-
terieurs des habitations, soit pour les couvrir, ou pour clore des champs.
La tenacite de cette matiere, sa resistance, la facilite avec laquelle elle
se delite en lames minces, ont du necessairement engager les construc-
teurs a lemploycr. On a" utilise cette matiere aussi comme moellon.
L'Anjou, quelques parties des Pyrenees, les Ardennes, ont conserve de
tresanciennes constructions baties de schiste qui- ont parfaitement resiste
a l'action du temps. Mais destprincipalement pour couvrir les charpentes
que les ardoises ontete employees. Il laaraitrait que des le x18 siecle, dans
les contrees schisteuses, on employait l'ardoise coneurremment avec la
tuile creuse ou plate. Dans des constructions de cette epoque nous avons
retrouve de nombreux fragments de grandes ardoisesl tres-cpaisses et
mal coupces, mais n'en constituant pas moins une excellente couverture.
Toutefois, tant qu'on ne trouva pas les moyens d'exploiter l'ardoise en
grand, de la deliter et de la couper regulierement, on dut preferer la tuile
qui, faite avec soin, couverte (Yemaux de diiferentes couleurs, etait d'un
aspect beaucoup plus riche et monumental. Les ardoises iretaient guere
employees que pour les constructions vulgaires, et comme on les emploie
encore aujourd'hui dans le Mont Dor, dans la montagne Noire et dans
les Ardennes. Ce ne fut guere que vers la fin du XIIÜ siecle que l'ardoise
devint d'un emploi general dans le nord et l'ouest de la France. Des palais,
des maisons de riches bourgeois, des eglises meme etaient deja couvertes
d'ardoises. L'adoption des combles coniques pour les tours des chäteaux
rendait l'emploi de l'ardoise obligatoire, car on ne pouvait convenable-
mentcouvrir un comble conique avec de la tuile, a moins de la faire fabri-
quer expres et de diverses largeurs, tandis quefardoise, pouvant se tailler
facilement, permettait de chevaucher toujours les joints de chaque rang
d'une couverture conique. Lorsque les couvertures coniques etaient d'un
tres-petit diametre, sur les tourelles des escaliers, par exemple, afin
deviter les cornes saillantes que des ardoises plates n'eussent pas manque
de laisser voir sur une surface curviligne convexe, on taillait leur extre-
mite inferieure en forme (Yecaille, et l'on avait le soin de les tenir tres-
etroites pour qu'elles pussent mieux s'appliquer sur la surface courbe
(fig. l); et comme chaque rang, en diminuant de diametre, devait dimi-
nuer le nombre des ardoises qui le composaient, on arretait souvent de
distance en distance le systeme des rangs d'ecailles par un rang droit, et
cathädrale de Garcassonne (Saint-Nazaire) fitaient,
ardoises provenant de la montagne Noire.
1 Les voütes rle l'ancienne
l'origine, couvertes de grandes
dans