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ARCHITECTURE
geante ne cessa de se fortifier davantage dans son camp et de garnir les
passages, le roi des Francais delogea subitement et licenoia son monde le
'2 aoüt 43117.
Ce qui precedefait voir que deja Pespritmilitaire se modifiaitenOceident,
el dans la voie nouvelle les Angle-Normands nous avaient precedes. A. cha-
que instant au XIVe siecle, l'ancien esprit chevaleresque des Franeais vient
se heurter contre l'esprit positif des Anglais, contre leur organisation
nationale, une deja, et puissante par consequent. L'emploi de la poudre a
canon dans les armees et dans les sieges porta un nouveau et terrible coup
a la chevalerie feodale. Uenergie individuelle, la force materielle, la bra-
voure emportee, devaient le ceder bientot au calcul, a la prevoyance et a
l'intelligence d'un capitaine seconde par des troupes habitudes a Poheis-
sance. Bertrztnrl du Guesclin sert de transition entre les chevaliers des X119
et X1118 siecles et les capitaines habiles des xve et Xvie siecles. Il faut dire
qu'en France, Yinferiorite a la guerre n'est jamais de longue duree : une na-
tion belliqueuse par instinct est plutot instruite par ses revers encore que
par ses succes. Nous avons dit un mot des deiianees de la feodalite fran-
caise a Fcgard des classes inferieures, deiiance qui etait cause que dans
les armees on preferait des soudoyers etrangers a des nationaux, quiune
fois liceneies, ayant pris l'habitude des armes et du peril, se trouvant cent
contre un, eussent pu se coaliser contre le reseau feodal et le rompre.
La royaute, genee par les privileges de ses vassaux, ne pouvait directement
appeler les populations sous les armes; pour reunii- une armee, elle con-
voquait les seigneurs, qui se rendaient a l'appel du suzerain avec les
hommes qu'ils etaient tenus de fournir; ces hommes composaient 11ne
brillante gendarmerie d'elite suivie de bidauds, de valets, de brigands, for-
mant plutot un troupeau embarrassant qu'une infanterie solide. Le roi
prenait a solde, pour combler cette lacune, des arbaletriers genois, bra-
bancons, des corporations des bonnes villes. Les premiers, comme toutes
les troupes mercenaires, etaient plus prets a piller qu'a se battre pour une
cause qui leur etait etrangere; les troupes fournies par les grandes com-
munes, turbulentes, n'aimant guere a seloigner deleurs foyers, ne devant
qu'un service temporaire, profitaient du premier echec pour rentrer dans
leurs villes, abandonnant la cause nationale, qui n'existait pas encore a
leurs yeux par suite du morcellement feodal. C'est avec ces mauvais ele-
ments que les rois Philippe de Valois et Jean devaient lutter contre les
armees anglaises et gasconnes deja organisees, compactes, disciplinees
et regulierement payees. Ils furent battus, comme cela devait etre. Les
malheureuses provinces du Nord et de l'0uest, ravagees par la guerre,
brülees et pillees, furent bientot reduites au desespoir : des hommes qui
avaient tremble devant une armure de fer, lorsque cette armure parais-
sait, invincible, voyant la fleur de -la noblesse franeaise detruite par des
archers anglais et des coutilliers gallois, par de simples fantassins, s'ar_
le roi Edouanrd aurait rcfusü le cartel de Philippc, d
dans son camp.
isant qu'il n'avait quül venir le trouver