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a on y mit longuement, et coüta grands deniersQuand ils furent parfaits,
a et les gens dedans entres qui a ceux du chatel devoient combattre, et
11113 eurent passe la moitie de 1a riviere, ceux du chätel tirent descliquer
a quatre martinets 1 qu'ils avoient nouvellement fait faire, pour remedier
a contre les quatre kas dessus dits. Ces quatre martinets jeterent si-grosses
a pierres et si souvent sur ces kas, qu'ils furent bientot debrises, et si
a froisses, que les gens d'armes et ceux qui les conduisaient ne se purent
a dedans garantir. xSi les convint retraire arriere, aincois qu'ils fussent
a outre la riviere; et en fut l'un eifondre au fond de l'eau, et la plus grande
a partie de ceux qui etoient dedans noyes; dont ce fut pitie et dommage :
a car il y avoit de bons chevaliers et ecuyers, qui grand desir avoient de
a leurs corps avancer, pour honneur acquerre 2. n Le duc de Normandie
avait jure de prendre Aiguillon, personne dans son camp n'osait parler de
deloger; mais les comtes de Ghines et de Tancarville allerent trouver le
roi a Paris. a Si lui recorderent la maniere et Fetat du siege d'Aiguillon,
u comment le duc son iils l'avoit fait assaillir par plusieurs assauts, et
a rien n'y conqueroit. Le roi en fut tout emerveille, et ne remanda point
aadonc 1e duc son fils; mais vouloit bien qu'il se tint encore devant
a Aiguillon, jusques a tant qu'il les eüt contraints et conquis par la
a famine, puisque par assaut ne les pouvoit avoir. n
Ce n'est pas avec cette temeraire imprevoyance que procede 1e roi d'An-
gleterre. Il debarque a la Hogue, a la tete d'une armee peu nombreuse,
mais disciplinee; il marchea travers la Normandie en ayanttoujours le soin
de ilanquer le gros de son armee de deux corps de troupes legeres com-
mandees par des capitaines connaissant le terrain, qui battent le pays a
droite et a gauche, et qui chaque soir viennent camper autour de lui. Sa
flotte suit les cotes parallelement a son armee de terre, de maniere a lui
menager une retraite en cas d'echec; il envoie apres chaque prise dans ses
vaisseaux les produits du pillage des villes. Il arrive aux portes de Paris,
continue sa course victorieusejusqu'en Picardie;la il est enfin rejointpar
Farmee du roi de France, la defait a Grecy, et se presente devant Calais.
a Quand le roi d'Angleterre fut venu premierement devant la ville de Ca-
a lais, ainsi que celui qui moult la desiroit conquerir,il assiegea par grandi
(r maniere et de bonne ordonnance,et fit batir et ordonner entre laville et
a la riviere et le pont de Nieulay hotels et maisons, et charpenter de gros
n merrein,et couvrir les dites maisons qui etoient assises et ordonnees par
u rues bien et faiticement, d'estrain 3 et de genets, ainsi comme s'il düt 1a
a demeurer dix ou douze ans 5 car telle etoit son intention qu'il ne s'en
a partirait, par hiver ni par ete, tant qu'il l'eut conquise, quel temps ni
(r quelle poine il y dut mettre ni prendre. Et avoit en cette neuve ville
(l du roi toutes choses necessaires appartenant a un ost, et plus encore, et
a place Ordonnee pour tenir marche le mercredi et le samedi; et la ätgieng
1 Engin 5 conn-e-poids propre ä lancer de grosses pierres.
2 Froissarl, chap. CCLXH, ädit. Buchon.
3 De chaume.