ARCHITECTURE
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de brigands 1, dhrbaletriers genois, de l'infanterie enfin. Les Anglais
commencerent a cette epoque a mettre en ligne une infanterie nom-
breuse, disciplinee, exercee au tir de Farce, se servant deja d'armes a
feu 3. La superiorite de la chevalerie, jusqu'alors incontestable, etait
a son declin; la gendarmerie francaise ne fit en rase campagne que se
precipiter de defaite en defaite ; jusqu'au moment ou du Guesclin orga-
nisa des compagnies de fantassins aguerris et disciplines, et par l'ascen-
dant de son merite comme capitaine, parvint a mieux diriger la bravoure
de sa chevalerie. Ces transformations dans la composition des armees,
et l'emploi du canon, modifierent necessairement l'art de la fortification,
lentement il est vrai, car la feodalite se pliait difficilement aux innova-
tions dans l'art de la guerre; il fallut qu'une longue et cruelle experiencc
lui apprit a ses depens que la bravoure seule ne suffisait pas pour gagner
des batailles ou prendre des places; que les fortes et les hautes murailles
de ses chateaux näätaient pas imprenables pour un ennemi procedant
avec methode, menageant son monde et prenant le temps de faire des
travaux d'approche. La guerre de siege pendant le regne de Philippe de
Valois n'est pas moins interessante a etudier que la guerre de campagne;
l'organisation et la discipline des troupes anglaises leur donnent une supe-
riorite incontestable sur les troupes francaises dans l'une comme dans
l'autre guerre. A quelques mois de distance, Farmee francaise, sous les
ordres du duc de Normandiet, met le siege devant la place diliguillon,
situeeau confluent du Lot et de la Garenne, et le roi düngleterre ilSSiegC Ca-
lais. L'armee francaise, nombreuse, que Froissart evalneäi pres de cent mille
hommes, composee de la fleur de lachevalerie, apres de nombreux assauts,
des traits de bravoure inouis, ne peutentamer la forteresse; lc duc de Nor-
mandie, ayant deja perdu beaucoup de monde, se decide a faire un siege
en regle: a Lendemain (de l'attaque infructueuse du pont du chäteau)
a vinrent deux maitres engigneurs au duc de Normandie et aux seigneurs
u de son conseil, et dirent que, si on les vouloit croire et livrer bois et ou
u vriers a foison, ils feroient quatre grands kas 5 forts et hauts sur quatre
a grands forts nefs et que on meneroit jusques aux murs du chittel, et
a seroient si hauts qu'ils surmonteroient les murs du chateau. A ces paroles
a entenditle duc volontiers, et commande que ces quatre kas fussent faits,
(f quoi qu'ils dussent coüter, et que on mit en oeuvre tous les charpentiers
a du pays, et que on leur payat largement leur journee, parquoi ils ouvris-
u sent plus volontiers et plus appertement. Ces quatre kas furent faits il
a la devise 5 et ordonnance des deux maitrcs, en quatre fortes nefs; mais
1 Ainsi nommäs parce qu'ils portaient une casnquc uppcläc brigantzäze.
2 Voyez Etudcs sur le passä et l'avenir de Parlillerzka, par le prince Napolnäon-Louis
Bonaparte, t. I", p. 16 et suiv.
3 A Crdcy.
' Fils de Philippe de Valois, le roi Jean, pris ä Poitiers.
5 La suite de la narration indique que ces kas dtaicnt des beffrois ou chas-chaicils.
Ü Conformänlent au projet.