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des fronts de l'enceinte d'Avignon et d'Aigues-Mortes (Hg. 25), dont les.
remparts (sauf la tour de Constance A, qui avait ete bätie par saint Louis
et qui servait de donjon et de phare) furent eleves par Philippe le Hardil.
Mais c'est aux angles saillants des places que l'on reconnut surtout la
necessite de disposer des defenses d'une grande valeur. Comme encore
aujourd'hui, Yassaillant regardait un angle saillant comme plus facile 31
attaquer qu'un front Banque. Les armes de jet n'etant pas d'une grande
portee jusqu'au moment de l'emploi du canon, les angles saillants ne pou-
vaient etre proteges par des defenses eloignees, des lors ils etaient faibles
(fig. 26); et lorsque Yassaillant avait pu se loger en A, il etait complete-
ment delile des defenses rapprochees. Il fallait donc que les tours du coin,
comme on les appelait generalement alors, fussent tres-fortes par elles-
memes. On les bätissait sur une circonference plus grande que les autres,
on les tenait plus hautes; on multipliait les obstacles a leur base ä l'exte-
rieur, par des fosses plus larges, des palissades, quelquefois meme des
ouvrages avances; on les armait de becs saillants, on les isolait des cour-
1 a Philippe le Hardi, parti de Paris au mois de fevrier 1272 a la täte d'une armee
nombreuse, pour aller prendre possession du comte de Toulouse, et pour chätier en
passant la rävolte de Roger Bernard, comte de Foix, s'arreta a Marmande. La il signa,
dans le mois de mai, avec Guillaume Boccaxiegra, qui l'avait joint dans cette ville, un
traite par lequel celui-ci s'engageait a consacrer 5000 livres tournois (88 500 fr.) a la
construction des remparts dlügues-Mortes, moyennant l'abandon que le roi lui faisait,
il titre de fiefs, ainsi qu'a ses descendants, de la moitie des droits domaniaux auxquels
la ville et le port etaient assujettis. Les lettres patentes donnees a cet effet furent contre-
siguees, pour les rendre plus authentiques, par les grands officiers de la couronne. En
mäme temps, et pour contribuer aux mämes depenses, Philippe ordonna qu'on leverait,
outre le denier pour livre dejä etabli, un quarantiäme sur toutes les marchandises qui
entrer-aient a. Aigues-Mortes par terre ou par mer. n (Hist. gdnär. du Languedoc, reg. 30
du träsor des chartes, n" lllll. Hist. d'Aigues-Mortes, par F. Em. di Pietro, 18119.)