Volltext: [Abaque-Aronde] (T. 1)

ARCHITECTURE 
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que quarante ou soixante jours de campagne, apres lesquels chacun re- 
tournait chez soi, lorsque le suzerain ne pouvait prendre des troupes 
a solde. Sous ce rapport, des la fin du x111" siecle, la monarchie anglaise 
avait acquis une grande superiorite sur la monarchie frangaise. La feoda- 
lite angle-normande formait un faisceau plus uni que la feodalite fran- 
caise ; elle l'avait prouve en se faisant octroyer la grande charte, et etait, 
par suite de cet accord, intimement liee au suzerain. Cette forme de 
gouvernement, relativement liberale, avait amene l'aristocratie anglaise 
a introduire dans ses armees des troupes de gens de pied pris dans les 
villes, qui etaient dejä disciplines, habiles  tirer de l'arc, et qui determi- 
nerent le gain de presque toutes les funestes batailles du xrve siecle, Crecy, 
Poitiers, etc. Le meme sentiment de defianee qui faisait que le seigneur 
feodal francais isolait son chatean de la ville placee sous sa protection, 
ne lui permettait pas de livrer des armes aux bourgeois, de les familiariser 
avec les exercices militaires; il comptait sur ses hommes, sur la bonte 
de son cheval et de son armure, sur son courage surtout, et meprisait le 
fantassin, qu'il n'employaiten campagne que pour faire nombre, le comp- 
tant d'ailleurs pour rien au moment de l'action. Cet esprit, qui fut si fatal 
a la France a Fepoque des guerres avec les Anglais, et qui fut cause de la 
perte des armees frangaises dans maintes batailles rangees pendant les XIVG 
et xve siecles, mal gre la superiorite incontestable de la gendarmerie feodale 
de ce pays, etait essentiellement favorable au developpement de l'archi- 
tecture militaire; et, en effet, nulle part en Occident on ne rencontre 
de plus nombreuses, de plus completes et plus belles fortifications feo- 
dales, pendant les X1116 et XIVe siecles, qu'en France (voy. CHATEAU, DONJON, 
PORTE, TOUR) 1. C'est dans les chateaux feodaux surtout qu'il faut etudier 
les dispositions militaires; c'est la qu'elles se developpent du XIIÜ au 
xrve siecle avec un luxe de precautions, une puissance de moyens extra- 
ordinaires. 
1 Le nombre des chäteanx qui couvraient le sol de la France, surtout sur les fron- 
tieres des provinces, est incalculable. Il n'etait guere de village, de bourgade ou de 
petite ville qui n'en possedät au moins un, sans compter les chäteaux isoles, les postes 
net les tours qui, de distance en distance, etaient plantes sur les cours des rivieres, dans 
les vallees servant de passages, et dans les marches. Dans les premiers temps de l'orga- 
nisation feodale, les seigneurs, les villes, les eveques, les abbes, avaient dü dans maintes 
circonstances recourir a Fautorite suzeraine des rois de France pour interdire la construc- 
tion de nouveaux chäteaux, prejudiciables a leurs interäts et a a ceux de la patrie n. (Les 
Dlim.) D'un autre cote, maigre la defense des seigneurs feodaux, le roi de France, par 
acte du parlement, autorisait la construction de chäteaux forts, afin (IPRIIIOiIIÜYiY la puis- 
sance presque rivale de ses grands vassaux. a Güm abbas et convellills Dalonensis 11550- 
u ciassent dominum regem ad quemdam locum qui dicitur Tauriacus, pro quaclam bastida. 
l ibidem construenda, et dominus Garnerius de Castro-Novo, miles, et ViCÜCOIHGS Tnrennc, 
c: se opponerent, et diccrunt dictam bastidam absque eorum Pfe-ludicio mm P0550 fieri 1 
u Auditis eorum contradicionihus et racionibus, prouunciatum fuit (111011 dicta bastide 
cihidem fieret et remanerct. n (Les Olim, ädit. du Minist. de Pinstruct. publ. : Phi- 
lippe m, 1219, t. n, p, un.)
	        
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