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sades. Lorsque Simon de Montfort est oblige de revenir assieger Tou-
louse, apres cependant qu'il en a fait raser presque tous les murs, il trouve
la ville defendue par des fosses et des ouvrages de bois. Le chateau Nar-
bonnais seul estencore en son pouvoir. Le frere du comte, Guy de Mont-
fort, est arrive le premier avec ses terribles croises. Les chevaliers ont
mis pied a terre; ils brisent les barrieres et les portes, ils penetrent dans
les rues; mais la ils sont recus par les habitants et les hommes du ceinte
de Toulouse et sont forces de battre en retraite, quand arrive Simon,
plein de fureur: a Comment, dit-il a son frere, se fait-il que vous n'ayez
a pas deja detruit la ville et brüle les maisons Nous avons attaque la
a ville, repond le comte Guy, franchi les defenses, et nous nous sommes
atrouves pele-mcle avec les habitants dans les rues; la nous avons ren-
(1 contre les chevaliers, les bourgeois, les ouvriers armes de masses, d'e-
r-pieux, de haches tranchantes, qui, avec de grands cris, des huees et de
ngrands coups mortels, vous ont, par nous, transmis vos rentes et vos
c cens, et peut-il vous le dire don Guy votre marechal, quels mares d'ar-
n gent ils nous ont envoyes de dessus les toits! Par la foi que je vous dois,
n il n'y a parmi nous personne de si brave, qui, quand ils nous ehasserent
a hors de la ville par les portes, n'eut mieux aime la lievre ou une ba-
a taille rangeemn Cependant le comte (le Montfort est oblige (l'entre-
prendre un siege en regle apres de nouvelles attaques infructueuses. u Il
a poste ses batailles dans les jardins, il munit les murs du chateau et les
u vergers därbaletes a rouetl et de lleches aigues. De leur cote, les hom-
a mes de la ville, avec leur legitime seigneur, renforcent les barrieres,
n occupent les terrains cfalentour, et arborent en divers lieux leurs ban-
u nieres aux deux croix rouges, avec l'enseigne du comte (Raymond);
a tandis que sur les echafauds 2, dans les galeries 3, sont postes les hom-
a mes les plus vaillants, les plus braves et les plus surs, armes de perches
a ferrees et de pierres a faire tomber sur l'ennemi. En bas, a terre, d'au-
a tres sont restes, portant des lances et dartz porcarissals (epieilx), pour
a defendre les lices, afin qu'aucun assaillant ne s'approche des palis. Aux
a archeres et aux creneaux (feneslrals), les archers defencleut les amhons
a et les courtines, avec des arcs de dillerentes sortes et des arbaletes de
n main. De carreaux et de sagettes des comportes 4 sont remplies. Partout
((21 la ronde, la foule du peuple est armee de haches. de 111215508, (le ba-
ct tons ferres, tandis que les dames et les lemmes du peuple leur portent
a des vases, de grosses pierres faciles a saisir et a lancer. La ville est bel-
1 Balesias tomissas (vers 6313 et suiv.). Probablement de grandes arbaletcs a rouet.
2 Cadafzzls. (Ydtaient des bretäches (voy. Hg. 10),
3 Corserns. Hourds. chemins de ronde, coursibrcs.
4 Senmls. Les baquets de bois dans lesquels on transporte 1e raisin eu temps de ven-
duuge se nomment gncnre aujourd'hui semals, mais plus frdquemlnent camper-les. Ce sont
(les cuves ovales munies de manches de bois, sous lesquels on fait passer deux bätong
en guise de hraucurds.