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ARCHITECTURE
voisin pour garderies ouvrages, il arrivait frequemment qu'une centaine de
gens d'armes, sortant de la place au milieu de la nuit, tombaient a l'im-
proviste au coeur de Yarmee, sans rencontrer une sentinelle, mettaient
le feu aux machines de guerre, et, coupant les cordes des tentes pour
augmenter le desordre, se retiraient avant d'avoir tout le camp sur les bras.
Dans les chroniques des X118, Xlll" et XIVe siecles, ces surprises se renou-
vellent. a chaque instant, et les armees ne s'en gardaient pas mieux le
lendemain. (Tetait aussi la nuit souvent qu'on essayait, au moyen des
machines de jet, d'incendier les ouvrages de bois des assiegeants ou des
assieges. Les Orientaux possedaient des projectiles incendiaires qui cau-
saientun grandeffroiaux armees occidentales, ce qui faitsupposerqirelles
n'en connaissaient pas la composition, au moins pendant les croisades
des xne et X111" siecles, et ils avaient des machines puissantes 1 qui diffe-
raient de celles des Occidentaux, puisque eeux_ci les adopterent en con-
servant leurs noms (l'origine d'engins turcs, de pierriäres turques.
On ne peut douter que les croisades, pendant lesquelles 011 fit tant de
sieges nieuiorables, ifaientperfectionne les moyens d'attaque, et que,par
suite, des modifications importantes n'aient ete apportees aux defenses
des places. Jusqu'au X1116 sieele, la fortification est protegee par sa force
"passive, par la masse et la situation de ses constructions. ll suffisait de
renfermer une faible garnison dans des tours et derriere des murailles
hautes et epaisses, pour defier longtemps les efforts d'assailla11ts, qui ne
possedaientque des moyens d'attaque tresifziiblesLes chäteaux normands,
eleves en si grand nombre par ces nouveaux conquerants, dans le nord-
ouest de la France et en Angleterre, presentaient des masses de constr11c-
tions qui ne craignaient pas l'escalade a cause de leur elevation, et. que 1a
sape pouvait difficilement entamer. On avait toujours le soin, d'ailleurs,
(Yetablir, autant que faire se pouvait, ces chateanx sur des lieux eleves, sur
une assiette de rochers, de les entourer de fosses profonds, de maniere a
"rendre le travail du mineur impossible; et comme refuge en cas de sur-
prise ou de trahison, l'enceinte du ehateau contenait toujours un donjon
isolemonimandant tous les ouvrages,entoure lui-meule souvent d'un fosse
et d'une muraille (chemise), et qui pouvait, par sa position et Felevation
1 (c Un soir aviut, lin oü nous guictiens les chas-chatiaus de nuit, que il nous aviercnt
(11111 engin que l'en appizle perrzäre, ce que il n'avaient Oncorc fait, et mistrcut le feu
a gregoiz en la fonde de Nostre csteinguour furent appnrcilliü pour cslniiulrc
a le feu; et pour cc que li Sarrnziu ne pooieut traire il aus, pour 10s dous elcs des
a pavoillons que li roys y uvnit fait faire, il traioient tout droit vers les nues, si que li
a pylet (dards) lour cheoicnl tout (lroit vers nus. La maniärc dou feu grcgois cstoit tcix,
uque il vcuoit bien devant aussi gros comme un t-wnuiaus de verjus, ct la quuuc dou {ou
A" qui partoit dc li, cstoit bien aussi grans comme uns grans glaixcs. Il iaisoit fol nuise ou
'14 venir, que il Sgmbloii. que ce ("ust la foudre dou ciel"... Trois foiz nous gcterent le
a feu gmgnig, C811 5011-, C119 nous lancicrcnt quatre foiz, 51 Farbalcstrc il tour. v.) (Mäm, de
J. sire de JOÜLUÜIP, pub]. par M. Nnt. de Wailly, 4858.)