Volltext: [Abaque-Aronde] (T. 1)

[ ARCHITECTURE 1  32h  
(ianciens remparts appeläs aujourd'hui la rue Neuve-Saint-Sauveur; de 
(d'autre, elle couvroit une partie du monastere des Filles-Dieu, avant 
a qu'il passat ä. l'ordre de Fontevrault; de l'autre, elle etoit bordee de 
a maisons qu'on a laissees tomber en ruine, et dont ona fait des jardins; 
a et de toutes parts elle etoit environnee de logis bas, enfonces, obscurs, 
a difformes, faits de terre et de boue, et tous pleins de mauvais pauvres. 
uQuand, en 1630, on porta les fosses et les remparts de la porte Saint- 
a Denys au lieu ou nous les voyons maintenant, les commissaires deputes 
((5113. conduite de cette entreprise resolurent de traverser la cour des 
a Miracles d'une rue qui devoit monter de la rue Saint-Sauveur a la rue 
a Neuve-Saint-Sauveur; mais quoi qu'ils pussent faire, il leur fut impos- 
u sible d'en venir a bout: les macons qui commencoient la rue furent 
abattus par les gueux, et ces fripons menacerent de pis les entrepreneurs 
u et les conducteurs de l'ouvrage. n Ces reunions de filous. de gens sans 
aveu, de soldats congedies, etaient soumises encore aux XVIe et xvne sie- 
cles a une sorte de gouvernement occulte, qui avait ses officiers, ses lois, 
qui tenait des chapitres reguliers, ou les interets de la republique etaient 
discutes et des instructions donnees aux diverses provinces. Cette popu- 
lationde vagabonds avait une langue particuliere, un roi qui prenait le 
nom de grand Coesre, et formait la grande congregation des Argotiers, 
divisee en Cagoux, Archisuppots de l'argot, Orphelins, Marcandiers, 
Rifodes, Malingreux et Capons, Pietres, Polissons, Francmitoux, Callots. 
Sabouleux, Hubins, Coquillarts, Courteaux de boutanche, Narquois. 
Ainsi partout, dans le moyen age, pour le bien comme pour le mal, 
l'esprit de corporation se faisait jour, et les hommes declasses, qui ne 
pouvaient trouver place dans les associations regulieres, obeissaient meme 
a ce grand mouvement des populations vers Funite, de reaction contre 
les tendances feodales. (Voy. CORPORATION.) 
La puissance des corps de metiers et de marchands, les droits et privi- 
leges dont ils jouissaient des le xue siecle, les monopoles qui les rendaient 
mailres exclusifs de l'industrie,du commerce et de la main-d'oeuvre; l'or- 
ganisation des armees, qui le lendemain des guerres laissait sur les routes 
des milliers de soldats sans paye, sans patrie, avaient dü singulierement 
developper ces associations de vagabonds, en lutte permanente avec la 
societe. Les maisons de refuge, fondees par les moines, par les eveques, 
les rois et merne de simples particuliers, pour soulager la rnisere et re- 
cueillir les pauvres, a peine suffisantes dans les temps ordinaires, ne pou- 
vaient, apres de longs troubles et des guerres interminables, offrir des 
asiles a tant de bras inoccupes, a des hommes qui avaient pris des habi- 
tudes de pillage, degrades par la misere, n'ayant plus ni famille ni foyer. 
Il fallut un long temps pour que l'on put guerir cette plaie sociale du 
pI-luperisme organise, arme pour ainsi dire; car, pendant le XVF siecle, 
les guerres de religion contribuerent a perpetuer cette situation. Ce ne fut 
que pendant le xvil" siecle, quand la monarchie acquit une puissance 
IIICODIIIIB jusqu'alors, que, par une police unique et des etablissements
	        
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