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a l'est, le batiment des elrangers; a la suite du petit cloitre, au sud, des
granges, des celliers, des (lependances pour les princesses du sang royal,
qui venaient souvent resider a l'abbaye de Poissy; puis de beauxjardins,
viviers, etc. Une des raisons qui contribuaient le plus äjeter une grande
confusion clans les dispositions des baliments des etablissements monas-
tiques, (fetait cette habitude prise par les rois, reines ou princesses, par
1a haute noblesse seculiere, surtout a partir du X1112 siecle, de faire des
sejours souvent assez longs dansles abbayes, qui prenaient alors le titre de
royales. A l'abbaye des dames de Maubuisson, nous avons vu le logis du roi;
a Poissy, tonte une portion considerable des batiments du monastere etait
reservee aux membres de la famille royale. Get usage ne Iit que prendre
plus de consistance pendant le xivt sieele. Philippc de Valois, en 1333,
datait ses lettres d'Etat de l'abbaye du Val, ou il residait. Charles V y
demeura egalement en 1369. A la fin du Xlll" siecle, le tresor des rois de
France etait depose au Temple a Paris; le roi Philippe le Bel y prit quel-
quefois son logement avant l'abolition de l'ordre; il y demeura en 1304,
depuis le 16 janvier jusqu'au 25 fevrier 1. Souvent les personnes royales
se faisaient enterrer dans les eglises monastiques fondees ou enrichies par
elles : la rnere de saint Louis, la reine Blanche, fut enterree dans le chuaur
de Peglise de Maubuisson; une sceur du merne roi etait morte et avait etc
ensevelie a Clnny. Et enlin chacun sait que la grande eglise de l'abbaye
de Saint-Denis fut consacree a la sepulture des rois de France depuis les
commencements de la monarchie.
Au X111" siecle, l'enceinte des abbayes servait aussi de lieu de reuniou
aux souverains qui avaient a traiter des affaires d'une grande importance.
Lorsque Innocent IV fut force de quitter Romc et de chercher dans la,
frliretiente un lieu ou il püt, en dehors de toute influence, venger l'abais-
sement du trone pontilical, il choisit la ville de Lyon; et la, dans 1e refec-
toire du couvent de Saint-Just, en Fannee 12115, il ouvrit le concile generzil
pendantlequel la dcposition de l'empereur Frederic lI fut proclamee. Les
eveques dlallemagne et dlängleterre n'y voulurent point paraitre, et
saint Louis meme s'abstint; il ne put toutefois refuser l'entrevue que le
souverain pontife sollicitait, et l'abbaye de Cluny fut prise pour lieu de
rendez-vous. Le pape attendit quinze jours le roi de_ France, qui arriva
avec sa IIIÜPO (il S05 fPÜPGS, IICCOmpHgHe de trois cents sergents d'armes et
il" une multitude de chevaliers. De son cote, le pape avait avec lui dix-huit
eveques. Voici comment la chronique du monastere de Gluny parle de
cette entrevue? : a Et il faut savoir que, dans l'interieui' du IIIOHaSIEBPC,
rceurent Fhospitalite le seigneur pape avec ses chapelains et toute sa
cour; Veveque de Senlis avec sa maison; Yeveque d'Evreux avec sa mai-
sOD; le seigneur roi de France avec sa mere, son frere, sa soeur et toute
leur suite; le seigneur empereur de Constantlnolale avec toute sa cour;
Hisl. du rlzbc. de Paris, par Fabbü Lcbeuf, t. 10', p. 332, cl l. V, p. 216.
Ilzlst. de l'abbaye rIc Cluny, par M. P. Lorain, p. 15h et suiv.
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