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conformement aux usages admis dans les couvents augustins; B, la bi-
bliotheque, longue galerie au-dessus du cloitre; C, les dortoirs des reli-
gieux; D, le dortoir des laiques; E, le grand eloitre des religieux; F, le
cloitre des laiques; G, le refectoire; H, Finlirmerie; I, la cuisine, commu-
niquant au refectoire par un petit pont couvert; K, des logements pour
les hommes (hotes), L, pour les femmes; M, des maisons d'artisans; N, le
logis de l'empereur (Charles-Quint); O, chene, dit la legende, sous lequel
se trouveront reunies sept tetes couronnees; P, la porte jarincipaile du mo-
nastere; H, des vaeheries et greniers a fourrages; S, des jardins avec un
labyrinthe, allees planlees d'arbres, chapelles, etc. Ce sejour etait admi-
rable, au milieu des bois, dans un vallon pourvu de belles eaux, voisin
de prairies et de grands vergers, et l'on comprend que, dans des etablis-
sements pareils, les souverains aimassent a se reposer loin des affaires et
de Yetiquette des cours : ces congregations daugustins avaient su faire
de leurs maisons des residcnces delicieuses comme situation, comme
disposition, etcomme reunion de toutce qui pouvait contribuer a rendre
la vie agreable et tranquille. Des habitudes de luxe et de mollesse ne
pouvaient manquer de s'introduire parmi eux, du moment qu'ils avaient
converti leurs pauvres cabanes de bois et leurs maigres champs en vastes
palais et en jardins magnifiques, qu'ils recevaient des souverains (lans
leurs murs, et pouvaient leur offrir les delassements que les grands
affectionnent d'ordinaire, tels que la chasse, la poche, ou les entretiens
de gens doetes et distingues, de bonnes bibliotheques, et surtout le calme
et la liberte des champs. Il n'en est pas moins evident que la vie cenobi-
tique ou celle des premiers ordres s'etait singulierement moditiee depuis
le x10 siecle.
Peut-etre l'institution des ordres mendiants contribua-t-elle a prolon-
ger l'existence de la vie religieuse; elle en conserva du moins quelque
temps Punite. Mais ce n'etait plus cette large et puissante organisation
benedictine; les temps heroiques de saintHugues et de saint Bernard
etaient passes. A partir du X1116 siecle, l'architecture monastique ne pre-
sente plus de ces belles dispositions d'ensemble qu'on aime a voir a Cluny,
a (liteaux, a Clairvaux; chaque jour amene une modification a l'ordon-
nance premiere: les services se divisent; le rnonastere semble se con-
fondre peu a peu avec les habitations seculieres. Bientot chaque moine
aura sa cellule; Vabbe se fait batir un logis a part, une residence souvent
assez eloignee des bzltiments principaux du couvent; il a son entree par-
ticuliere, sa cour, son jardin. C'est un seigneur dont la vie ne diifere que
peu de celle des laiques. Ces signes de decadence sont de plus en plus
marques jusqu'a Fepoque de la reformation, oü la vie monastique fut
moralement elfacee, si elle ne fut pas abolie de fait, en Occident. Il suffit
de jeter les yeux sur les plans dabbayes successivement modifiees pgrp.
dant les xrve et xve siecles, pour reconnaitre cette confusion, ce defaut
d'unite. Ces symptomes sont frappants dans les abbayes benedictines de
Saint-Oucn de Bouen, de Fecamp, de Saint-Julien de Tours que nous