[ ARCHITECTURE ] 282
monastere l'envoya a Paris apres son noviciat, avec quelques-uns de ses
compagnons, pour y etudier la theologie scolastique. (l'est le premier
exemple de religieux proies quittant le cloitre pour puiser au dehors
un enseignement qui alors, dans la capitale du domaine royal, remuait
profondement toutes les intelligences. Othon s'assit bienlüt dans la chaire
abbatiale de Morimond, nomme par acclamation. ll eleva l'enseigne-
ment, dans cette maison, a un degre superieur; depuis lors nombre de
religieux appartenant aux ordres de Gluny et de Citeaux allerent chercher
la science dans le cloitre de Notre-Dame, et dans les ecoles fondees par
Abailard, aiin de maintenir l'enseignement de leurs maisons au niveau.
des connaissances du temps. Mais la luniiere commencait a poindre hors
du cloitre, et son foyer n'etait plus a Cluny ou a Giteaux. A la lin du xue
siecle et pondant le X1116 siecle, ces etablissements religieux ne s'en tin-
rent pas la, et fonderent des ecoles a Paris meme, sortes de succursales
qui prirentles noms des maisons meres, ou se reunirent des religieux qui
vivaient suivant la regle, et enseignaient lajeunesse arrivant de tous les
points de FEurope pour s'instruire dans ce domaine des sciences. Les
ordres religieux conservaient donc ainsi leur action sur l'enseignement
de leur temps, bien qu'ils n'en fussent plus le centre.
Du 1x6 au Xle siecle les ordres religieux, preoceupes de grandes refor-
mes, se placant a la tete de l'organisation sociale, avaient eu trop 51 faire
pour songer a fonder de vastes et magnifiques monasteres. Leurs ri-
chesses, d'ailleurs, ne commenceront ä prendre un grand developpement
qu'a cette epoque, par suite des nombreuses donations qui leur etaient
faites, soit par les souverains voulant augmenter leur salutaire influence,
soit par les seigneurs seculiers au moment des croisades. C'est aussi a
cette epoque que l'architecture monastique prend un caractere particu-
lier: rien cependant n'est encore delinitiveinent arrete; il fallait une
longue expcrience pour YECOIIIHÜLFG quelles etaient les dispositions qui
convenaient le mieux. Gluny avait son programme, (liteaux avait le sien;
tout cela differait peu de la donnee primitive adoptee dcja du temps ou le
plan de l'abbaye de Saint-Gall fut trace. Mais c'estvers la {in du X112 siecle
et au commencement du xme, que les etablissements monastiques, deve-
nus riches, n'ayant plus a lutter contre la barbarie du siecle, moins preoc-
cupes de grands interets moraux, peuvent songer a construire des de-
meures commodes, elegantes meme, bien dispose-es, en rapport avec les
habitudes seculieres de ce temps. Les donnees principales sont conser-
vees : le cloitre, place sur un des cotes (le la nef, le plus souvent au sud,
donne entree dans la salle du chapitre, le tresor, la sacristie, et au-dessus
le dortoir est bati dans le prolongement du transsept, par les motifs deduits
plus haut. Le long de la galerie du cloitre opposee et parallele a (telle qui
longe la nef, est cleve le refectoire, aere, vaste, n'ayant presque toujours
qu'un rez-de-chaussee. En retour et venant rejoindre le porche de
Yeglise, sont places a rez-de-ohaussee les celliers, au-dessus les magasins
de grains, de provisions. La cuisine est toujours isolee, possedant son offi-