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nait ainsi la metropole et la iete. Ce systeme fut bientot compris et adopte"
par d'autres etablissements monastiques, et notamment par (liteaux,
fonde en 1098. Conservant la regle de Saint-Benoit, ces agregations ne
dilleraient entre elles que par le centre däiutorite monastique, par les di--
vers moyens imagines pour maintenirfesprit benedictin, et par une plus
ou moins grande austerite dans la discipline commune. Nulle ne se propo-
sait, a vrai dire, une autre lin que celle de ses compagnes. (le ifetait point
la proprement des differences d'ordres, mais seulement de congrdgatiofzs.
Partout la regle de Saint-Benoit demeurait sauve, et par la Punite de
l'ordre se maintenait intacte, maigre des rivalites qui eclaterent plus.
121111 1. i)
Ces reformes etaient devenues bien necessaires, car depuis longtemps.
les abbes et les moines avaient ctrangement fausse la reglc de Saint-Be-
noit. Pendant les invasions des Normands particulierement, la discipline-
setait perdue au milieu du desordre general, les abbayes etaient deve-
nues des forteresses plus remplies d'hommes d'armes que de religieux
les abbes eux-memes commandaient des troupes laiques, et les moines,
chasses de leurs monasteres, etaient obliges souvent de changer le froc
contre la cote d'armes 2. Toutefois, si apres les reformes de Gluny et de
(liteaux, les abbes ne se melerent plus dans les querelles armees des sei-
gneurs laiques, ils ne demeuraient pas moins seigneurs feodaux, agissant
comme tels et etant ainsi obliges de s'occuper d'interets temporels ; leur
instruction, leur habitude du gouvernement de grands domaines et
d'un personnel nombreux, faisaient qu'ils etaientzippeles par les souve-
rains non-seulement pour reformer des monasteres, mais aussi comme
conseillers, comme ministres, comme ambassadeurs. Des avant les
grandes associations clunisiennes et cistercien nes, on avait senti le besoin
de reunir en faisceau certaines abbayes importantes. Vers Sli2, Yabbe de
Saint-Germain des Pres, Ebroin et ses religieux avaient forme une asso-
ciation avec ceux de Saint-Remi de Reims. Quelque temps auparavant
les moines de Saint-Denis en avaient fait autant. Par ces associations,
les monasteres se promettaient une amitie et une assistance mutuelle
tant en sanle qu'en maladie, avec un certain nombre de prieres qu'ils
sobligeaient de faire apres la mort de chaque religieux des deux coin-
munautes 3. Mais c'est sous saint Odon et saint ltlaieul, abbes de Cluny,
que la regle de Saint-Benoit reformee va prendre un lustre tout nouveau,
fournir tous les hommes d'intelligence et d'ordre qui, pendant pres (le
deux siecles, auront une influence immense dans l'Europe occidentale,
car Cluny est le veritable berceau de la civilisation moderne.
1 Histoire de l'abbaye de Cluny, par M. P. Lorain.
2 En 893, un abbä de Saint-Denis, Eblcs, fut tucä en Aquitaixxc d'un coupdc pierre
51 l'attaque du chäteau qu'il assiägeait comme capitaine d'une troullc de soldats. (Hzsf.
de l'abbaye 11e Saint-Denys, par D. Ifälibien, p. 100.)
3 Hist. de l'abbaye de Saint-Germain des Präs, par D. Bouillnrd. Paris, 17211, p. 30-