Volltext: [Abaque-Aronde] (T. 1)

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que Cluny etaient en possession aux x1" et xn" siecles d'une puissance bien 
autrement independante et etendue que celle du roi des Francais. Un sou- 
verain, si faible de caractere qu'on le suppose, n'eut pu tolerer dans son 
domaine une sorte d'Etat independant, ne relevant que du saint-siege, se 
gouvernantpar ses propres lois, ayant de nombreux vassaux, sur lesquels: 
le roi n'exercait aucun droit de suzerainete. Aussi voyons-nous dans le 
domaine royal les eveques, qui, au temporel, etaient de veritables seigneurs 
feodaux, luttant souvent eux-memes contre le pouvoir immense des abbes, 
acquerir une puissance tres-etendue sous la suzerainete royale. Uepiseo- 
pat, ayant vis-a-vis de la royaute les caracteres de la vassalite, ne lui por- 
tait pas ombrage, et profitait de sa puissance naissante. C'est aussi dans le 
domaine royal que les grandes cathedrales s'elevent en prenant, comme 
monuments religieux, une importance superieure a celle des eglises ab- 
batiales; tandis qu'en dehors du territoire royal, ce sont au contraire les 
eglises abbatiales qui dominent les cathedrales. Comme seigneurs feo- 
daux, les eveques se trouvaient dans le siäcle; ils n'avaient ni le pouvoir ni 
surtout la volonte de conserver les formes de l'architecture consacree par 
la tradition; bien mieux, genes par l'importance et Pindependance de 
puissantes abbayes, ils saisirent avec ardeur les moyens que les artistes 
laiques leur offraient au xne siecle de se soustraire au monopole que les 
ordres religieux exercaient sur les arts comme sur tous les produits de 
l'intelligence. Alors Feglise etait la plus saisissante expression du genie des 
populations, de leur richesse et de leur foi; chaque eveque devait avoir 
fort a coeur de montrer son pouvoir spirituel par Ferection d'un edilire 
qui devenait comme la representation materielle de ce pouvoir, et qui, 
par son etendue et sa beaute, devait mettre au second rang les eglises 
monastiques repandues sur son diocese. Si le grand vassal du roi, seigneur 
d'une province, elevait un chateau superieur comme force et comme 
etendue a tous les chateaux qu'il pretendait faire relever du sien, de 
meme Peveque d'un diocese du domaine royal, appuye sur la puissance 
de son suzerain temporel, erigeait une cathedrale plus riche, plus vaste 
et plus importante que les eglises des abbayes qu'il pretendait soumettre 
a sa juridiction. Tel etait ce grand mouvement vers l'unite gouverne- 
mentale qui se manifestait meme au sein de la feodalite clericale ou 
seculiere, pendant le xne siecle, non-seulement dans les actes politiques, 
mais jusque dans la construction des edilices religieux ou miIilHIPCS- 
Cette tendance des eveques a mettre les eglises abbatiales au second rang 
par un signe materiel, aux yeux des populations; nous dirons plus, ce 
besoin a la fois religieux et politique, si bien justifie d'ailleurs par les 
desordres qui s'etaient introduits au sein des monasteres des la {in du 
xue siecle, de rendre Funite ä YEglise, fit faire a Fepiseopat des efforts- 
inouis pour arriver a construire rapidement de grandesret magniüques 
cathedrales, et explique comment quelques-uns de ces edilices remar- 
quables par leur etendue, la richesse de leur architecture, et leur aspect 
majestueux, sont eleves avec negligence et parcimonie, n'ont pas de
	        
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