Volltext: [Abaque-Aronde] (T. 1)

du style, l'harmonie dans l'emploi des formes, l'instinct des propor- 
tions, toutes les qualites qui constituent un art, qu'il s'applique a la 
plus humble maison de paysan ou il la plus riche cathedrale, comme 
au palais du souverain. En effet, une civilisation ne peut pretendre 
posseder un art que si cet art penetre partout, s'il fait sentir sa pre- 
sence dans les oeuvres les plus vulgaires. Or, de tous les pays occi- 
dentaux de l'Europe, la France est encore celui chez qui cette heu- 
reuse laeulte s'est le mieux conservee, car c'est celui qui l'a possedee 
au plus haut degre depuis la decadenc-e romaine. De tout temps la 
France a impose ses arts et ses modes a une grande partie du conti- 
nent europeen : elle a essaye vainement depuis la renaissance de se 
faire italienne, allemande, espagnole, grecque; son instinct, le goüt 
natif qui reside dans toutes les classes du pays, l'ont toujours rame- 
nee a son genie propre en la relevant apres les plus graves erreurs. 
Il est bon, nous croyons, de le reconnaitre, car trop longtemps les ar- 
tistes ont meconnu cc sentiment et n'ont pas su en proliter. Depuis 
le regne de Louis XlV surtout, les artistes ont laiton pretendu faire 
un corps isole dans le pays, sorte (l'aristocratie etrangere, meconnais- 
sant ces instincts des masses. En se separant de la foule, ils n'ont 
plus etc compris, ont perdu toute influence, et il n'a pas dependti 
d'eux que la barbarie ne gagnat sans retour ce qui restait en dehors 
de leur sphere. L'inferioritf': dbxecution dans les oeuvres des deux 
derniers siecles comparativement aux siecles precedents nous en four- 
nit la preuve. L'architecture surtout, qui ne peut se produire qu'a 
l'aide d'une grande quantite d'ouvriers de tous etats, ne presentait 
plus, a la tin du XVIII" siecle, qu'une execution abatardie; molle, 
pauvre ct depourvue de style, a ce point de faire regretter les der- 
nieres productions du Bas-Empire. La royaute de Louis XlV, en se 
mettant a la place de toute chose en France, en voulant etre le prin- 
cipe de tout, absorbait sans fruit les forces vives du pays, plus encore 
peut-titre dans les arts que dans 121 POÜÜQUC; 011 FHITiSiG a besoin, 
pour produire, de conserver son independance. Le pouvoir feodal 
n'etait certainement pas protecteur de la liberte materielle; les rois,
	        
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