[ ARCHITECTURE j 208
Peglise devait sufllre aux besoins du monastere (voy. ARCHITECTURE MONAS-
TIQUE). Les cathedrales du domaine royal, a la fin du x11" siecle, prirent
aux grandes eglises monastiques une partie de leurs dispositions, en re-
pousserent d'autres. Elles devaient etre largement ouvertes a la foule; ces
porches fermes, resserres, interceptant les issues, si bien appropries aux
besoins des monasteres, ne convenaient pas aux cathedrziles : on y renonga.
Un se contenta de porches tres-ouverts, comme a la cathedrale de Laon,
comme a celle de Chartres (voy. cette CATHEDHALE), ou meme, vers le com-
mencement du X1118 siecle, de portails evases, s'ouvrant directement sur
les parvis, comme a la cathcdrale de Paris, ä. Amiens, a Ileims, a Sens, a
Secs, ä Coutanees, a Bourges, etc. Mais telle elait l'influence des grandes
eglises abbatiales dans les provinces, que nous voyons leurs dispositions
se perpetner dans les cathedrales, les eollegiales ou les simples paroisses
elevees dans leur voisinage. Les porches de Cluny et de Citeaux se retrou-
vent dans la cathedrale d'Autun, voisine de Gluny, dans la collegiale de
Beaune, dans les eglises de Bourgogne et du Maconnais; seulement ces
porches s'ouvrent sur leurs trois faces, et ne forment plus une avant-nef
fermee. La regle de (liteaux a sur les constructions religieuses une influence
plus rnarquee encore, autour de ses grands etablissements. Dans le do-
maine royal, les cathedrales adoptent les tours des grandes eglises benc-
dictines clunisiennes. La cathedrale de Laon possedait et possede encore
en partie deux tours autrefois couronnees de lleches sur la fagade, quatre
"tours aux extremites des bras de croix, et une tour carree sur les arcs-
doubleaux de la croisee centrale. Gbartres presente la meme disposition,
sauf la tour centrale. Reims, cette reine des eglises francaises, avant l'in-
cendie de la lin du xve siecle, etait munie de ses six tours et d'un clocher
central termine par une lleche de bois; de meme a Rouen. C'est en Norman-
die surtout que les tours centrales avaient pris une grande importance
dans les eglises monastiques comme dans les cathedrales ou les paroisses,
et leurs etages decores de galeries a jour se voyaient de Finterieur, for-
mant comme une immense lanterne donnant de l'air, de la lumiere et
de l'espace au centre de Yedilice. Les eglises Saint-Elienne et de la Tri-
nite de Gaen, de l'abbaye de Jumieges, les cathedrales de Coutances, de
Bayeux 1, et quanlite de petites eglises, possedent des tours centrales qui
font ainsi partie du vaisseau interieur, et ne sont pas seulement des clo-
chers, mais plutot des coupolesou lanternes donnant de la grandeur et de la
clarte au centre de Fediiice. En revanche, les clochers de facade des eglises
normandes sont etroits, termines par des lleches de pierre d'une excessive
acuite. Dans Hle-de-France, les tours centrales sont rares; quand elles
existent, ce sont plutot des clochers termines par des ileches de bois, mais
ne se voyant pas a Finterieur des edifices, tandis que les tours des facades
sont larges, hautes, construites avec luxe,puissamment empatees, comme
1 Getm disposition primitive ä Bayeux fut modifiäe au X1110 sii-zcle par
d'une vuüte au centre de la croisäe.
la construciiou