[ ARCHITECTURE ] 202
des edifices religieux qui prenait une importance considerable : nous
voulons parler des vitraux colores. Les peintures murales, fort en usage
dans les siecles anterieurs, ne pouvaient lutter avec ces brillantes verrieres,
qui, en meme temps qu'elles presentaient des sujets parfaitement visibles
par les temps les plus sombres, laissaient passer la lumiere et atteignaient
une richesse et une intensite de couleurs qui faisaient palir et eflaeaient
meme completement les fresques peintes aupres d'elles. Plus le systeme
de l'architecture adoptee foreait d'agrandir les baies, plus on les remplissait
de vitraux colores, et moins il etait possible de songer a peindre sur les
parties lisses des murs des sujets historiques. ll est question de vitraux co-
lores dans des edifices religieux fort anciens, a une epoque oü les fenetres
destinees a les eclairer etaient tres-petites; nous ne savons comment etaienl
traitees ces verrieres, puisqu'il n'en existe pas qui soient anterieures au
xne siecle, mais il est certain qu'avec le mode de coloration et de distribution
des verrieres les plus anciennes que nous connaissions, il est difficile de
faire de la peinture harmonieuse opaque, autre que la peinture d'ornement.
Dans des soubassements, sur des nus de murs, pres de Pmil, les fresques
peuvent encore soutenir la coloration translucide des verrieres; mais a une
grande hauteur l'effet rayonnant de vitraux colores est tel, qu'il ecrase
toute peinture modelee. Les tentatives faites depuis peu dans quelques-uns
de nos edifices religieux pour allier la peinture murale a sujets avec les
vitraux ne font, a notre avis,que confirmer notre opinion. Dans ce cas, ou
les vitraux paraissent durs, criards, ou la peinture modelee semble flasque,
pauvre et poudreuse. Uornementation plate, dont les couleurs sont tres-
divisees, et les formes fortement redessinees par de larges traits noirs, ne
comportant que des tons francs, simples, est la seule qui puisse se placer
a cote des vitraux colores, et meme faire ressortir leur brillante harmonie
(voy. PEINTURE, VITRAUX). Preoccupes autant de l'effet decoratif des inte'-
rieurs de leurs edifices religieux que du systeme de construction qui leur
semblait devoir etre definitivement adopte, les architectes du Xlllc siecle
se tpguvaignt peu a peu conduits, pour satisfaire aux exigences du nouvel
art inaugure par eux, a supprimer tous les nus des murs dans les parties
hautes de ces edifices. Ne pouvant harmoniser de larges surfaces peintes
avec les vitraux colores, reconnaissant d'ailleurs que ces vitraux sont cer-
tainement la plus splendide decoration qui puisse convenir a des inte-
rieurs de monuments eleves dans des climats oü le ciel est le plus souvent
voile, que les verrieres colorees enrichissent la lumiere pale de notre pays,
fontresplenclir aux yeux des fideles une clarte vivante en depit d'un ciel gris
et triste, ils prolitereiit de toutes les occasions qui se prescnlilient d'0uvrir
de nouveaux jours, afin de les garnir de vitraux. Dans les pignons ils
avaient perce des roses qui remplissaient entierement l'espace laisse sous
les voütes; des formerets ils avaient fait les archivoltes des fenetres supe-
rieures et inferieures; ne laissant plus entre ces fenetres que les points
d'appui rigoureusement necessaires pour porter les voütes, divisant meme
ces points d'appui en faisceaux de eolonnettes afin d'eviter les surfaces