Pour que l'artiste respecte son (BLIVFO, il faut qu'il l'ait concue avec
la conviction intime que cette oeuvre est emanee d'un principe vrai,
base sur les reglcs du bon sens; le goüt, souvent, n'est pas autre
chose, et pour que l'artiste soit respecte lui-moine, il faut que sa
conviction ne puisse etre mise en doute : or, comment supposer qu'on
respectera l'artiste qui, soumis a toutes les puerilites d'un amateur
fantasque, lui batira, suivant le caprice du moment, une maison
chinoise, arabe, gothique, ou de la renaissance? Que devient l'artiste
au milieu de tout ceci? N'est-ce pas le costumier qui nous habille
suivant notre fantaisie, mais qui n'est rien par lui-meme, n'a et ne
peut avoir ni preference, ni goüt propre, ni ce qui constitue avant
tout l'artiste createur, l'initiative? Mais Petude d'une architecture
dont la forme est soumise a un principe, comme le corps est soumis
a l'intelligence, pour ne point rester stcrile, ne saurait etre incomplete
et superlicielle. Nous ne craindrons pas de le dire, ce qui a le plus
retarde les developpements de la renaissance de notre architecture
nationale, renaissance dont on doit tirer profit pour l'avenir, c'est
le zele mal dirige, la connaissance imparfaite d'un art dans lequel
beaucoup ne voient qu'une forme originale et seduisante sans appre-
cier le fond. Nous avons vu surgir ainsi de pales copies d'un corps
dont l'aime est absente. Les archeologues, en decirivant et classant les
formes, n'etaient pas toujours architectes praticiens, ne pouvaient
parler que de Ce qui frappait leurs yeux; mais la connaissance du
pourquoi devait necessairement manquer a ces classifications pure-
ment materielles, et le bon seps public s'est trouve justement choque
51 la vue de reproductions d'un art dont il ne comprenait pas la raison
d'etre, qui lui paraissait un jeu bon tout au plus pour amuser quel-
ques esprits curieux de vieilleries, mais dans la pratique duquel iI
fallait bien se garder de s'engager-
(Yest qu'en effet, s'il est un art serieux qui doive toujours etrc
l'esclave de la raison et du bon sens, c'est l'architecture. Ses lois fon-
damentales sont les mämeg dans tous les pays et dans tous les temps ;
la premiere" condition du goüt en architecture, c'est d'otite soumis a